Un juif laissa sa cave ouverte vendredi soir
Pureté du vin dans la cave où les juifs et les non-juifs peuvent entrer
מעשה ששכח יהודי מרתפו פתוח בליל שבת. למחרת מצא כד מלא יין בתיבה של גויה שפחה, ולא ידעו אנה לקחתו, ולא מצאו משקה טופח סביב הברזא. והתיר ה"ר יהודה ב"ר קלונימוס היין מאחר שמפחדת הגויה ליכנס במרתף. ועוד שמא לקחה מן השוק. וגדולה מזאתב ההיא חברתא נקיטא חופיא שקו' שומ"א, וכן ההיא ארבא דקנחי' חמרא דגוי וישראל. וכ"ש כאן
Teshuvot ba'ale ha-tossafot, 35, via Responsa Project of Bar-Ilan University
Un juif laissa sa cuve ouverte un vendredi soir. Le lendemain matin il trouva une cruche pleine de vin dans la chambre de sa servante non-juive. Personne ne savait où elle l’avait obtenue. Il ne vit pas de gouttes de vin autour du trou de bonde. Rabbi Judah fils de Rabbi Kalonymus permit la consommation de ce vin, parce que la femme non-juive craignit d’entrer dans la cave. Elle put également acheter du vin sur le marché. De plus, cette domestique femelle aurait pu être comparée à une fille non-juive tenant un peu de mousse de vin qu’elle avait pris de l’extérieur du tonneau (le Talmud de Babylone, ʿAvodah Zarah 70b). On appelle cela “shaume”. La même règle s’applique à un bateau chargé de vin auquel un gentil et un juif ont l’accès. Cela s’applique d’autant plus ici.
N.Koryakina
Ce texte traite la pureté du vin produit par les juifs entreposé dans une cave auquel juifs et non-juifs ont l’accès. Puisqu’il fut impossible de prouver que la servante non-juive manipulait le vin, Rabbi Judah fit preuve d’indulgence envers les biens du juif qui était mentionné dans ce responsum. Autrement, le vin aurait pu être considéré comme impur et impropre à la consommation (le Talmud de Babylone, ʿAvodah Zarah 56).
Ce responsum est important à plusieurs titres. Premièrement, il mentionne Rabbi Judah ben Kalonymus qui fut un expert renommé dans la loi juive à Speyer à la fin du 12e siècle. Deuxièmement, il décrit une servante non-juive qui habitait très probablement dans la maison de son maître juif. Elle avait vraisemblablement une certaine liberté de quitter la maison et elle fut probablement payée pour ses services. Troisièmement, l’emploi du vocabulaire allemand dans ce responsum donne à penser qu’il fut probablement écrit en Europe centrale.
esclaves ; Juifs/Judaïsme ; Vin
Claire Chauvin : relecture
Anna MATHESON : relecture
Notice n°254291, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254291/.