Fuero de Cuenca
Rédemption de captifs
De captiuo redimendo
Si captiuus miles fuerit et in exercitu miles maurus fuerit pro quo possit haberi,detur pro eo. Similiter pedes captius maurus pro pedite captiuo xristiano .
R.Ureña y Smenjaud, Fuero de Cuenca, (Madrid, 1935),654
De l’affranchissement de captif Si un chevalier est captif et dans l’armée, et il se trouve un cavalier maure pour l’échange, il peut être échangé. De la même manière, un soldat piéton maure peut être échangé contre un piéton chrétien.
M. Bueno
Cette disposition du Fuero de Cuenca prévoit la procédure générale pour l'échange des captifs à appliquer à la plupart des villes castillanes pendant le bas Moyen Age. L’échange était autorisé à condition que les prisonniers aient le même statut social.
La captivité se produisait principalement lors des batailles et prises de villes. Dans de tels cas, les hommes, les femmes et les enfants faisaient partie du butin. La capture pendant les algarades existantes sur les deux côtés de la frontière était une autre façon d'arriver à la captivité. Les prises plus précieuses étaient les prisonniers pour l’échange, ceux-ci ne faisaient pas partie de la répartition du butin.
La captivité conditionnait la vie des habitants des zones frontalières, et a donné lieu à des institutions particulières dans la vie municipale, telles que les alfaqueques spécialisés dans l'échange des prisonniers.
Les fueros établissaient différentes façons pour échapper à la captivité, soit par l'achat ou l’échange, généralement destiné aux hommes qui avaient participé à des actions militaires.
La guerre dans le contexte ibérique médiéval était l'une des plus importantes sources de richesse. La capture de prisonniers en tant que butin de guerre et comme objet d’échanges avait une importance particulière dans les algarades et des expéditions militaires étaient menées par les chrétiens et les musulmans dans les territoires frontaliers. 1
L'échange de prisonniers était une pratique courante dans les régions frontalières de Castille et d'Aragon entre le XIIe et XIIIe siècle, et cette pratique est restée jusqu’au XVe siècle en vigueur à la frontière de Grenada. 2 . Les Fueros ont permis à la fois l'échange de prisonniers ainsi que l'achat de captifs maures pour les échanger contre les chrétiens par un prix qui variait dans les différentes lois municipales.
La pratique islamique précédente avait permis le rachat des femmes, des enfants, des personnes âgées en échange d’autres prisonniers, généralement acquis à cet effet. Cela a provoqué une hausse des prix des captifs sur les marchés, générant des situations de violence. Les hommes en âge de combattre étaient souvent échangés contre d'autres prisonniers après l’expédition militaire. 3
Il y avait deux procédures pour racheter un captif : d’un côté contre une somme d'argent et d’un autre côté en échange d’un autre captif. Ce pratique a donné naissance aux institutions et normes juridiques de l’échange.
L'échange des prisonniers de la même condition sociale était une norme contenue dans les Fueros de la famille de Cuenca (Fuero de Heznatoraf, DCLXVIII; Alcaraz 33, Loi 620 d’ Alarcon; Loi 697 ceci de Baeza), Fuero de Teruel (cap.589) et repris ensuite dans le Fuero de las Cabalgadas (Titre LXXXIII) et le Speculum (III, 7.11). Cette règle a affecté les soldats qui avaient participé au combat ou algarade où le statut social était le facteur déterminant dans la régulation du change. L’égalité de la condition sociale était la base de l’échange. Le rôle du chevalier était primordial dans l’économie de la frontière 4
Tant du côté musulman que chrétien, il y avait un avantage accordé au cavalier par rapport au fantassin. La spécialisation dans le métier des armes et en particulier dans le combat à cheval dans les villes castillanes permettait la naissance d’une oligarchie de guerriers propriétaires de troupeaux et de terres avec nombreuses libertés en échange d’une prise en charge de la défense du territoire frontalier, les caballeros villanos (chevalerie populaire). 5 L'échange pourrait avoir été fait lors de l'expédition, comme en témoigne le Fuero de Uclés (Cap.157), le Fuero de las Cabalgadas (Tite LI) et le Espéculum ; ou plus tard en échange d'un captif acquis à cet effet.
1 . F. García Fitz, Castilla y León frente al Islam. Estrategias de expansión y tácticas militares (siglos XI-XIII) (Sevilla,1998), 160-165.
2 . F. A. Veas Arteseros ; F.J. Jiménez Alcazar, « Notas sobre el rescate de cautivos en la frontera de Granda », Actas del Congreso de la frontera Oriental Nazari como sujeto historico (siglos XIII-XVI), (coord.) P. Segura, (Lorca, 1997), 229-236.
3 . M. Hasnaoui, « La ley islamica y el rescate de los cautivos segun las fetwas de al-Wansarisi e Ibn Tarkat », La liberazione dei captivi tra cristianita e Islam, (coord.) G. Cipollone (Vaticano, 2000), 549-559.
4 . P. Buresi, La frontière entre chrétienté et Islam dans la Péninsule Ibérique: du Tage à Sierra Morena (fin XIe-milieu XIIIe siècle) (Paris, 2004) 87-120.
5 . C. Pescador, « La caballería popular en León y Castilla », Cuadernos de Historia de España, 33-34 (1961)101-258, 35-36 (1962),56-201, 37-38 (1963),88-198, 39-40 (1964),169-260.
Notice n°252469, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252469/.