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ما فرضه المتوكل على أهل الذمة

Auteur

Ṭabarī, Muḥammad b. Ğarīr

Titre en français

Edit d'al-Mutawakkil concernant les dhimmīs

Titre descriptif

Les règles imposées aux dhimmīs par le calife abbasside al-Mutawakkil

Type de texte

Édit

Texte

وفي هذه السنة (235/850) أمر المتوكل بأخذ النصارى وأهل الذمة كلهم بلبس الطيالسة العسلية والزنانير وركوب السروج بركب الخشب، وبتصيير كرتين على مؤخر السروج، وبتصيير زرين على قلانس من لبس منهم قلنسوة مخالفة لون القلنسوة التي يلبسها المسلمون، وبتصيير رقعتين على ما ظهر من لباس مماليكهم مخالف لونهما لون الثوب الظاهر الذي عليه، وان تكون إحدى الرقعتين بين يديه عند صدره والاخرى منهما خلف ظهره، وتكون كل واحدة من الرقعتين قدر اربع أصابع ولونهما عسليا. ومن لبس منهم عمامة فكذلك يكون لونها لون العسلي. ومن خرج من نسائهم فبرزت فلا تبرز إلا في إزار عسلي. وأمر بأخذ مماليكهم بلبس الزنانير وبمنعهم لبس المناطق. وامر بهدم بيعهم المحدثة وبأخذ العشر من منازلهم، وإذا كان الموضع واسعا صير مسجدا، وإن كان لا يصلح أن يكون مسجدا صير فضاء. وامر أن يجعل على أبواب دورهم صور شياطين من خشب مسمورة تفريقا بين منازلهم وبين منازل المسلمين. ونهى ان يستعان بهم في الدواوين وأعمال السلطان التي يجري أحكامهم فيها على المسلمين. ونهى أن يتعلم أولادهم في كتاتيب المسلمين ولا يعلمهم مسلم. ونهى أن يظهروا في شعانينهم صليبا وان يشمعلوا في الطريق. وأمر بتسوية قبورهم مع الأرض لئلا تشبه قبور المسلمين.

Langue

Arabe

Source du texte original

Ṭabarī, Tārīkh al-rusul wa l-mulūk, M. Abū l-Faḍl Ibrāhīm, ed. (Le Caire, 1967), IX, 171-72.

Datation

  • 10ème siècle

Traduction française

En cette année (235/850), al-Mutawakkil ordonna que les chrétiens et tous les dhimmīs en général doivent porter le ṭaylasān de couleur jaune (plus exactement couleur de miel) et le zunnār. Leurs selles devront être en bois et se termineront par deux boules à l'arrière. Leur qalanswa aura deux boutons et sera d'une couleur différente de celle des musulmans. Ils porteront (non pas eux mais leurs esclaves, d'après Ṭabarī et Bar Hebraeus) sur l'épaule deux bandes d'étoffe jaune, de la longueur de quatre doigts et dont l'une pendra par devant, l'autre par derrière. Ceux d'entre eux qui portent le turban devront se coiffer d'un turban jaune. Leurs femmes ne pourront sortir qu'avec le voile jaune sur le visage. Leurs esclaves porteront également le zunnār et ne seront pas autorisés à ceindre la minṭaqa. Il décréta la destruction de toutes leurs églises nouvellement construites et la confiscation du dixième de leurs propriétés immobilières. Si ce dixième était assez vaste, on devait y élever une mosquée ; sinon on le laissait en terrain vague. Il donna l’ordre de clouer sur la porte de leurs maisons, pour les distinguer de celles des Musulmans, des figurines de bois représentant des démons. Il interdit leur emploi dans les administrations du gouvernement et dans les fonctions officielles où ils ont autorité sur les musulmans. Il interdit que leurs enfants s’instruisent dans les écoles musulmanes ou qu’ils aient des précepteurs musulmans. Il leur interdit d’exhiber les croix et les cierges dans les processions. Il ordonna que leurs tombes soient nivelées au sol, de sorte qu'elles ne ressemblent pas aux tombes des musulmans.

Source traduction française

A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1986), 101-02 (Traduction revue).

Résumé et contexte

En l’an 235/850, le calife abbasside al-Mutawakkil promulgua une série de lois destinées à règlementer la présence des non-musulmans dans le territoire musulman. Le présent texte provenant des Annales de Ṭabarī (m. 923) passe en revue les principales dispositions contenues dans le décret califale. Certaines de ces dispositions, telles que l’obligation de porter des vêtements différents de ceux des musulmans et l’interdiction d’exhiber les croix dans les lieux publics, avaient été instaurées à l’époque des conquêtes. Al-Mutawakkil les a réitérées tout en y ajoutant quelques conditions supplémentaires, comme celle qui précise la couleur des vêtements ou la forme des selles. D’autres dispositions semblent avoir été instituées par al-Mutawakkil lui-même. C’est le cas de la curieuse pratique qui consiste à différencier les maisons des dhimmīs en clouant sur leurs portes des figurines représentant des démons. Il en va de même pour le nivellement au sol des tombes non-musulmanes.

Signification historique

Le règne du calife al-Mutawakkil (847-861) fut marqué par les diverses mesures restrictives prises à l’encontre des groupes religieux minoritaires. D’une ampleur sans précédent dans l’histoire de la dynastie abbasside, ces décisions semblent être une conséquence directe de la rupture voulue par le nouveau souverain d’avec la politique ʺlibéraleʺ de ses prédécesseurs. Désireux de se tourner vers le courant traditionaliste dont il espérait s’attirer le soutien populaire, il promulgua de nouvelles lois s’inspirant de l’orthodoxie sunnite et des pratiques instaurées par d’anciens califes tels que ʿUmar I (634-644) et ʿUmar II (717-720). En vertu de ces lois, les non-musulmans devaient se distinguer des musulmans en portant un habillement spécial et en signalant leurs maisons et leurs montures par des marques visibles. Par ailleurs, le calife ordonna la destruction des églises construites après la conquête musulmane et la révocation des fonctionnaires dhimmīs. Cette dernière mesure ne semble pas avoir été appliquée avec rigueur. En effet, s’il est établi qu’al-Mutawakkil a procédé au renvoi des employés non-musulmans de l’administration, on sait aussi qu’il a lui-même confié certaines missions à des dhimmīs. Tel fut le cas, par exemple, en l’an 859 lorsqu’il chargea un chrétien nommé Dulayl b. Yaʿqūb de financer la réalisation du canal qui devait acheminer l’eau du Tigre vers la nouvelle ville capitale, al-Ğaʿfariyya, alors en construction (Voir Ṭabarī, Tarīkh, IX, 212). La politique restrictive d’al-Mutawakkil ne fut pas poursuivie par ses successeurs et ce même si certains d’entre eux tentèrent, par moments, de la rétablir.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Etudes

  • M. Ahsan, Social Life Under the Abbasids, 170-289 Ah, 786-902 AD (London, 1979), 61-63.
  • M. Allard, "Les Chrétiens à Baġdād ", Arabica 9 (1962), 375-388.
  • A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1986), 101-102, 159, 190.
  • W. Kallfelz, Nichtmuslimische Untertanen im Islam: Grundlage, Ideologie und Praxis der Politik frühislamischer Herrscher gegenüber ihren nichtmuslimischen Untertanen mit besonderem Blick auf die Dynastie der Abbasiden (749-1248) (Wiesbaden, 1995), 123-141.
  • C. Melchert, “Religious Policies of the Caliphs from al-Mutawakkil to al-Muqtadir, A H 232-295/A D 847-908”, Islamic Law and Society 3/3 (1996), 316-342.
  • S. Miah, The Reign of the Caliph al-Mutawakkil (Dacca, 1969).
  • D. Sourdel, "La politique religieuse des successeurs d'al-Mutawakkil", Studia Islamica 13 (1960), 5 -22.
  • A. Tritton, The caliphs and their non-Muslim subjects. A Critical Study of the Covenant of ʿUmar (London, 1930), 23, 50.

Mots-clés

chrétiens ; Croix ; Eglise ; enfants ; esclaves ; fonction publique ; Procession ; qalansuwa ; Selle ; Tombe ; Turban ; vêtement ; Zunnār ; ṭaylasān

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252293, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252293/.

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