Jurists of Jaca
Des procès entre chrétiens et musulmans
Le juge compétent à juger les procès entre chrétiens, musulmans et juifs
De pleyt de christian e de moro. Si’l christian a clam del moro, deven anar al judici de çavalquem, e si’l moro del christian, deven anar a iusticia christian. Atresi es de christian et de judeu, que si’l christian se clama del judeu, deven anar al judici del Rabi, e si’l judeu de christian, a iusticia christian.
MOLHO, M. El fuero de Jaca. Escuela de Estudios Medievales, Instituto de Estudios Pirenaicos, Zaragoza, 1964, 145
Si un chrétien est en procès contre un musulman, ils doivent porter leur cas devant le çavalquem 1, et si le musulman est un procès contre le chrétien, ils devaient faire appel au juge chrétien. Aussi, dans un procès entre un chrétien et un juif, si le chrétien a une réclamation contre le juif, ils devaient porter l'affaire devant le rabbin, et si le juif a une réclamation contre le chrétien, ils devaient faire appel au juge chrétien.
1 . Zalmedina ou juge musulman
Ce texte reflète l'autonomie accordée aux membres des minorités religieuses dans les premières décennies du royaume d'Aragon. Les musulmans étaient jugés en fonction de leur droit [religion] et par leurs autorités, pareil pour les juifs. Les autorités étaient souvent proposées par l’aljamas, un groupe de représentants de la communauté religieuse dans un village ou une ville particulière.
La présence des musulmans et des juifs à Jaca est documentée dans le Fuero de Jaca (compilation du XIIIe siècle). Leur statut était celui de citoyens et leur droit à faire appel à leurs juges respectifs (et donc à leurs lois respectives) dans les procès les opposant à un chrétien était reconnu. Deux éléments sont perceptibles dans ce texte : les juges pour les chrétiens et les musulmans occupaient des charges civiles (pas directement liées à l'autorité religieuse) alors que, dans le cas des juifs, il s’agissait du rabbin (qui avait également l’autorité religieuse). Le deuxième problème est qu'il n'y a aucune mention de procès entre les deux minorités (c’est-à-dire entre musulmans et juifs). Peut-être est on en présence d’une réflexion uniquement tournée vers les chrétiens et, bien qu’il soit nécessaire de faire mention des minorités religieuses dans les textes de l'époque, les principaux bénéficiaires de la législation étaient en fait les chrétiens.
chrétiens ; Juifs/Judaïsme ; juridiction ; musulmans
Youna Masset : traduction
Notice n°252283, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252283/.