Dans quelle mesure le cadi peut-il intervenir dans les affaires des dhimmīs
Les conflits entre dhimmīs sont du ressort de leur justice communautaire
وإذا تظالم أهل الذمة في مواريثهم، فلا يتعرض لهم إلا أن يترافعوا إلينا، و يتراضوا بأحكامنا فيكون القاضي مخيرا فيهم، إن شاء حكم و إن شاء ترك. فإن حكم بينهم، حكم بحكم الإسلام و إلا ردهم إلى أهل دينهم.
Ibrāhīm b. ʿAbd al-Rafīʿ, Muʿīn al-ḥūkkām ʿalā al-qaḍāyā wa l-aḥkām, M. b. Qāsim b. ʿAyyād, ed. (Beyrouth, 1989), p. 636.
Si les dhimmīs se disputent au sujet de leurs successions, on n’intervient pas [dans leurs conflits] à moins qu’ils saisissent notre juridiction et qu’ils acceptent d’être jugés conformément à nos lois. Dans ce cas, le cadi a le choix : selon sa volonté, il peut décider de statuer ou de s’abstenir. S’il statue dans leur affaire, il doit appliquer la loi musulmane. Faute de quoi, il les renvoie devant [le tribunal de] leurs coreligionnaires.
A. Oulddali
Dans ce texte, le juriste mālikite Ibrāhīm Ibn ʿAbd al-Rafīʿ (m. 1332) soutient le principe communément admis en droit musulman qui reconnaît aux dhimmīs le droit de régler leurs conflits internes selon leurs propres lois. Pour lui, la justice musulmane ne doit pas s’immiscer dans les affaires relevant des tribunaux communautaires dont l’autonomie est l’une des garanties accordées aux non-musulmans. Cependant, si des plaignants dhimmīs consentent de saisir le cadi, celui-ci a la possibilité d’accepter leur plainte et d’y statuer, à condition qu’il applique la loi musulmane.
Sur le contexte et la signification historique de ce texte, on se reportera à la notice "Règlement des conflits entre dhimmīs".
Anna MATHESON : traduction
Notice n°252252, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252252/.