Fatwa d'al-Māwāsī
Fatwa d'al-Māwāsī
وسئل الشيخ الفقيه أبو مهدي الماواسى – رحمه الله- عن أناس سكنوا بأوطانهم على ذمة العدو الكافر – دمره الله وبدد شمله – مع أنهم يتأتي لهم الانتقال من تلك الأوطان ويجدون للرحيل منها سبيلاً. هل تجوز إقامتهم تحت ذمة العدو الكافر أم لا؟ وحالهم معهم على أقسام قسم يغرم لهم ولايتردد إليهم، قسم يتردد إليهم للتجارة لا لغيرها، وقسم يتردد إليهم ويعلمهم بأخبار المسلمين، وقسم يركب معهم للاصطياد ويقول أطال االه هذه الدمة وهذه الساعة – لا قبل الله دعاءهم. بينوا لنا حكم هذه الأقسام بياناّ شافياّ.
فأجاب أنا مقام المسلمين اختياراً تحت إيالة الكفار، فحرام. وإن من تردد إلي منازلهم خسر ديمه ودنياه وخالف ما أمره مولاه، إذ لا يحل للمسلم أن يعقد الصلح مع الكافر على أن يغرم له، باتفاق في مذهب مالك. فمن يفعل ذلك، لا تجوز شهادته. هذا حكم القسم الأول، والإسلام يعلو ولا يعلى عليه.
وأما حكم القسم الثاني،وهو من يتردد إلى منازلهم للتجر، فهو أسوأ حالاً من القسم الأول و أقبح منزلاً.
وأما حكم القسم الثالث، وهو الذي يتردد الي منازلهم للتجر ويعرفهم بأخبار المسلمين، فهذا أقبح الفرق الثلاثة وأشبه حالاً بالجاسوس الدال على عورات المسلمين. وهذا يكون خبره على مضرة المسلمين كالحرابة، التي توجب لمن قامت به القتل، درءأ لمضرته ومفسدته؟ وهو نظر من قال بقتل الجاسوس. أم لا يقتل ويجتهد الإمام في عقوبته وزجره. أو يفرق بين من اتخذ ذلك فلتة واحدة، خلاف معروف. وهل تقبل توبته أم لا؟ يشابه إلى دين الزنديق في كتمان فعله. وهو المتردد لهم الأود إليهم ويعرفهم بالطرق الموصلة إلى أوطان المسلمين، فهو أخبث الفرق وأفبح،وهو أقرب للكافرين من المؤمنين، ولان الحب للكافر والداعي بالعزة له والاستطالة على المسلمين من علامات الكفر.ونعوذ بااله من الارتداد وتبدل الاعتقاد.
Al-Zayyātī, 'Al-Jawīhir al-mukhtāra fī-mā 'alā-hī min al-nawāzil bi-Jibāl Ghumāra', relevant sections ed. J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī’s Asnā al-matājir Reconsidered', PhD Thesis, Emery University, 2009, pp. 414-5
Le shaykh et juriste Abū Mahdī 'Isā al-Māwāsī – que Dieu ait pitié de lui – a été questionné à propos des gens qui vivent dans leur pays d'origine en tant que sujets de l'ennemi infidèle - que Dieu les détruise et les divise - même s’il serait facile pour eux de quitter ces terres, et qu’ils ont un moyen de les quitter. Est-il admissible ou non qu'ils demeurent sous la sujétion de l'ennemi infidèle ? Il y a des catégories en rapport à leurs relations avec eux : une catégorie paie pour eux un tribut, mais ne les fréquente pas. Une autre catégorie les fréquente pour le commerce, mais pas pour un autre [but]. Une autre catégorie les fréquente et les informe des affaires des musulmans. Une autre catégorie va [en] bateaux avec eux pour pêcher et leur dit: « Que Dieu prolonge cette période et cette heure » - que Dieu n’accepte pas leurs supplications. Fournissez-nous une explication complète de la règle pour [chacune de] ces catégories. Il répondit : Comme pour les musulmans restés sous la domination des infidèles, cela est interdit. Celui qui fréquente leurs maisons perd sa religion et son [élévation dans le] monde, et est en violation de ce que son maître [à savoir, Muhammad] a ordonné de lui ; car il est interdit pour un musulman de conclure un traité avec l'infidèle ayant pour effet de lui payer un tribut. Ceci est convenu au sein de l'école Mālikī, donc pour celui qui fait cela [à savoir, Vit sous la domination des infidèles], son témoignage n’est pas acceptée, ni sa conduite de la prière. Telle est la règle pour la première catégorie ; l'Islam devrait être élevé, et [aucune autre religion] ne devait être élevée au-dessus. Comme jugement concernant la deuxième catégorie, qui se compose de ceux qui fréquentent leurs places pour le commerce, ils sont pires que la première catégorie et leur situation est plus répugnante. Quant à la troisième catégorie, qui se compose de ceux qui fréquentent leurs places pour le commerce et les informent sur les affaires des musulmans, ceci est le plus répugnant des trois groupes et le plus proche du statut de celui d'un espion qui souligne les faiblesses des musulmans. Informer [les chrétiens] quant aux désavantages des musulmans est similaire [à l'état] de banditisme, dont les auteurs doivent être tués pour éviter le mal et la corruption [qu’ils causent]. Ceci est considéré par le point de vue de ceux qui disent que l'espion devait être tué. [D'autres disent] qu'il ne devait pas être tué, mais que la règle (al-imām) devait déterminer sa peine et sa réprimande, ou [qu’]une distinction devait être faite entre celui qui a agi de cette manière une seule fois [dans un jugement, par opposition à plusieurs fois] ; ceci est un point de désaccord scientifique bien connu. Aussi, doit-on accepter ou non son repentir ? [Quant à cette question, son cas] ressemble à celui de la religion de l'hérétique en rapport à la dissimulation de son action - ceci [concernant] celui qui leur rend fréquemment visite, qui montre le plus d'affection envers eux, et les informe des routes menant aux colonies des musulmans ; pour cela il est le groupe le plus malveillant et répugnant. [Ce groupe] est plus proche des infidèles que des croyants, parce que l'amour pour l'infidèle et la prière pour sa force et son pouvoir sur les musulmans sont des signes d'incrédulité. Que Dieu nous protège de l'apostasie et d’un changement de conviction.
Y. Masset
Cette fatwa a un contenu analogue à d'autres prononcées par al-Wansharisi, Ibn Bartal et al-Waryagli concernant le statut juridique des musulmans qui habitent sur le territoire non-musulman. Le demandeur anonyme pose des questions sur le statut juridique des quatre groupes musulmans qu'il a identifiés vivant en territoire non-musulman : ceux qui paient simplement un tribut à leurs dirigeants ; ceux qui commercent avec eux ; ceux qui fournissent des informations à leurs dirigeants sur les régimes politiques musulmans ; et ceux qui fraternisent joyeusement avec les non-musulmans. En réponse à cette question, al-Māwāsī donne son verdict quant au le statut juridique (-religieux) de chacun des groupes identifiés. Ceux appartenant au premier ne devaient pas être considérés comme musulmans puisqu’ils permettaient à une autre religion d’être placée au-dessus de l'islam, et le second groupe était considéré de manière plus dure car il était en lien plus étroit avec les dirigeants non-musulmans. Les troisième et quatrième sont confondus, leurs actions étaient considérées comme répugnantes. Même si al-Māwāsī mentionne les peines possibles pour espionnage qu'il considère comme une infraction similaire au banditisme, à la différence Ibn Bartal qui déclare qu'il existe des idées diverses sur la punition de cette infraction, mais ne donne pas son propre avis. Al-Māwāsī laisse place à la repentance pour le musulman qui espionne ou fraternise, tout en laissant la possibilité que donner une information ne soit pas, en soi, espionner. Cependant, il ajoute que les musulmans qui se comportent de cette manière sont, essentiellement, des apostats.
Cette fatwa fait mention des questions soulevées par les succès chrétiens en péninsule Ibérique et au Maghreb, et l'absence de consensus parmi les commentateurs musulmans sur la façon d'y répondre.
apostasie ; commerce ; communauté ; espion
Youna Masset : traduction
Notice n°252251, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252251/.