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إبن برطال، الفتوى الأولى[1 ]

Auteur

Ibn Barṭāl, ʿAlī b. ʿAbd Allāh

Titre en français

Première fatwa d'Ibn Barṭāl

Titre descriptif

Fatwa au sujet des musulmans qui versent le tribut aux chrétiens

Type de texte

Fatwa

Texte

وسئل الفقيه أبو الحسن علي بن الله, وأظنه المعروف بابن برطال - رحمه الله - عن أناس اصطلحوا مع النصارى على أن يغرموا لهم مالاً وتركوهم ببلادهم مقيمين. وصاروا معهم على فرق. فمنهم من يتجسس على المسلمين وينقل إليهم أخبارهم. ومنهم من يتسوق عندهم. ومنهم من صار يقاتل عليهم ويخرج للقتال مع عساكر النصارى، ويمنع المسلمين من الوصول إلى عدوهم. ومنهم من يؤدى المغرم فقط ولا يفعل شيئاً مما ذكر. ومنهم طائفة أسقط العدو عنهم الخراج كالطلبة و المؤذنون. ما حكم الله في دمائهم وأموالهم وإمامتهم و شهادتهم؟ وما يخص كل فريق من هؤلاء الفرق؟ جواباً شافياً. فأجاب القوم الذين عقدوا الصلح مع النصارى - دمرهم الله تعالى - على أن يغرموا لهم قوم فساق عصاة لله تعالى ومخالفون لسنة رسوله. فأما من التزم داره فلم يتردد على لتجارة ولا لغيرها، إلا أنه يغرم لهم، فهو عاص لله بغرامته وقعوده تحت الذلة. فلا تجوز شهادته ولا تصح إمامته، غير أن حالته أخف من حال من هو يأتي إليهم ويستعمل نفسه في مصالحهم. وحكم هذا القسم أنه لا يحل ماله لأحد ولا يباح دمه. وأما الذين يتجسسون على المسلمين فالمشهور أن دم الجاسوس مباح وأنه يقتل ويكون قاتله مأجوراً. وأما من أشهر السلاح مع النصارى ويأتي في عسكرهم، فهذا القسم قد فرق من الدين فحكمه حكم النصارى في دمه وماله. وأما من صار يتسوق عندهم، فهو فاسق وهو في الإثم أقوى ممن ألزم نفسه داره. وأما الطلبة والمؤذنون الذين رضوا بالقعود تحت ذمة النصارى - دمرهم الله - فهم طلبة سوء ومؤذنو سوء، لا تقبل شهادتهم ولا تجوز إمامتهم، وهم أعظم وزراً من غيرهم لأنهم يقتدى بهم، فتجب عليهم التوبة بعد رحيلهم من تلك البلاد التي غلب عليها الكفرة. وبالله التوفيق.

Langue

Arabe

Source du texte original

Al-Zayyātī, Al-Ğawāhir al-mukhtāra fī-mā waqaftu ʿalāy-hī min al-nawāzil bi-ğibāl Ghumāra, relevant sections ed. J. Hendrickson, The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī’s Asnā al-matājir Reconsidered, PhD Thesis, Emery University, 2009, pp. 411-2

Datation

  • Entre 1450 et 1500

Aire géographique

Traduction française

Le juriste Abū al-Ḥasan ʿAli b. ʿAbd Allāh qui, je crois, est celui connu sous le nom d’Ibn Barṭāl - que Dieu ait pitié de lui - a été interrogé au sujet de gens qui ont conclu un accord avec les chrétiens en vertu duquel ils leur versent une somme d’argent (i.e., les musulmans paient une taxe au chrétiens) et, en contrepartie, ils les laissent vivre sur leur territoires (i.e., les chrétiens permettent aux musulmans de rester dans les territoires sous leur contrôle). [Ces musulmans] se répartissent en plusieurs catégories selon les relations qu’ils entretiennent avec les chrétiens. Parmi eux, il y a ceux qui espionnent les musulmans et transmettre des renseignements les concernant aux chrétiens. Il y a aussi ceux qui commencent à se rendre chez eux pour le commerce. Et il y a ceux qui se battent contre eux (i.e., contre les musulmans), qui participent aux combats aux côtés des armées chrétiennes et qui empêchent les musulmans d’atteindre leur ennemi. Il en est aussi parmi eux ceux qui paient seulement le tribut et qui ne font aucune des autres choses mentionnées ici. Il y a également parmi eux un groupe que l'ennemi n’oblige pas à payer le tribut, c’est le cas des ṭalaba (i.e., étudiants en sciences religieuses ou chefs religieux) et des muezzins. Quel est le jugement de Dieu en ce qui concerne leurs vies, leurs biens et leur capacité à conduire la prière et à témoigner ? Quel est le statut de chacun de ces groupes ? Nous espérons une réponse exhaustive de votre part.

Il répondit : « Le groupe de personnes qui ont conclu ce pacte avec les chrétiens - que Dieu le Très-Haut les détruise - à l'effet qu'ils leur versent un tribut sont des gens dépravés qui désobéissent à Dieu et violent la sunna de Son Prophète.

- Quant à ceux qui restent dans leurs maisons et qui ne les fréquentent ni dans un but commercial ni pour aucune autre fin, mais qui leur verse le tribut : ils désobéissent à Dieu en acceptant de payer et de vivre dans un endroit où ils sont soumis. C’est pourquoi il ne leur est permis ni de témoigner ni de conduire la prière. Néanmoins, leur situation est moins grave que la situation de ceux qui vont chez eux (i.e., chez les chrétiens) et qui servent leurs intérêts. Le statut de cette catégorie est que leurs biens ne sont licites à personnes et qu’il n’est pas permis de verser leur sang.

- Quant à ceux qui espionnent les musulmans, l'opinion communément admise est que l’espion doit être mise à mort, qu’il est licite d’en verser le sang et que celui qui le tue sera récompensé.

-Quant à ceux qui portent les armes aux côtés des chrétiens, et se joignent à leur armée, cette catégorie a dévié de la religion et son statut est celui des chrétiens en ce qui concerne les vies et les biens.

- Quant à ceux qui commencent à faire du commerce chez eux, ils sont dépravés, leur péché est plus grave que le péché commis par ceux qui se sont contentés de rester dans leurs maisons.

Quant aux ṭalaba et aux muezzins qui ont accepté de vivre sous la domination des chrétiens (taḥt dhimmat al-naṣārā) - que Dieu les détruise – ce sont des mauvais ṭalaba et des mauvais muezzins, il n’est pas permis de recevoir leur témoignage ni de les laisser diriger la prière. Leur faute est la plus grave de toutes car ils sont supposés être un exemple pour les autres. Ils doivent se repentir après avoir quitté ce pays qui est tombé sous la domination des infidèles. C’est grâce à Dieu que l’on atteint le succès.

Source traduction française

A. Oulddali

Résumé et contexte

Quelqu’un interroge Ibn Barṭāl sur le statut juridique d'un groupe de musulmans qui vivent dans les terres reconquises par les forces chrétiennes. Sa question porte notamment sur l'inviolabilité de leur vie, la validité des prières par eux conduites et la recevabilité de leur témoignage. Ibn Barṭāl répond en disant que les cinq catégories de personnes que l’auteur de la question a identifiées ont des statuts différents, même s'ils ont tous désobéi à Dieu. Ceux qui paient volontairement une taxe équivalant à la ğizya et restent dans leurs maisons ne sont pas autorisés à conduire la prière et leur témoignage ne doit pas être acceptée, mais leurs vies sont inviolables. Le second groupe, qui espionne les musulmans pour le compte des chrétiens, doit être tué et son tueur sera récompensé. Un troisième groupe, ceux qui se battent avec les armes aux côtés des chrétiens, ont clairement apostasié. De ce fait, ils doivent être tués. Le quatrième groupe qui paie de l'argent en échange d’une protection et celui qui fait du commerce avec les chrétiens ont le même statut juridique que le premier groupe. Le dernier groupe, à savoir les imâms et les muezzins, commet un péché plus grand que le premier groupe et ce même s’il ne paie pas d'impôts. En tant que chefs religieux de la communauté musulmane, ils doivent donner l’exemple aux autres fidèles, ce qu’ils n’ont pas fait. Par leur conduite déviante, ils ont égaré les fidèles au lieu de les guider. Ils doivent donc se repentir après avoir regagné le territoire musulman.

Signification historique

Cette fatwa démontre le caractère unique (du point de vu musulman) de la situation que la Reconquista avait créé. Face à cette situation relativement nouvelle qui impose aux musulmans de vivre en permanence sous la domination chrétienne, les questions posées reflètent les problèmes pratiques auxquelles la communauté a été confrontée, et les réponses devaient former la base des solutions envisagées par les juristes.

Manuscrits

  • MS Rabat - Moroccan National Library, MS 1698, vol. II, ff 40-1
  • MS Rabat - Ḥasanīya Library, MS 5862, f. 247
  • MS Tetouan - General Library and Archives, MS 178, f. 262

Editions

  • Ghanya Atoui ed., Al-Ğawāhir al-mukhtāra fī-mā waqaftu ʿalāy-hī min al-nawāzil bi-ğibāl Ghumāra, Mémoire de magister, Université de Constantine (Algérie), 2013, II, 131.
  • J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharīsī's Asnā al-matājir reconsidered'; PhD thesis, Emery University, 2009, pp. 411-2

Traductions

  • J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharisi's Asnā al-matājir reconsidered'; PhD thesis, Emery University, 2009, pp. 395-7

Etudes

  • A.M. al-Turki, 'Pour ou contre la légalité du sejour des musulmanes en territoire reconquis pat les chrétiens: justification doctrinale et réalité historique', in B. Lewis and F. Niewohner (eds), Religionsgesprache im Mittelalter, Wiesbaden, 1992, pp. 305-23
  • A.K. Bennison, 'Liminal States: Morocco and the Iberian Frontier between the Twelfth and Nineteenth Centuries', in J. Clancy-Smith (ed.) North Africa, Islam and the Mediterranean World: From the Almoravids to the Algerian War, London, 2001, 11-28
  • H. Buzineb, 'Respuestas de Jurisconsultes Maghrebies en Torno a la Immmigracion de Musulmanes Hispanicos', Hespéris Tamuda 16-17 (1988-9), 53-67
  • L. Cardaillac, Morisques et Chrétiens: Un affrontement polemique, 2nd ed., Zaghoun, Tunisia, 1995
  • K.A. El Fadl, 'Islamic Law and Muslim Minorities: The Juristic Discourse on Muslim Minorities from the Second/Eighth to the Eleventh/Seventeenth Centuries', Islamic Law and Society 1 (1994), 141-87
  • J. Hendrickson, 'The Islamic Obligation to Emigrate: Al-Wansharisi's Asnā al-matājir reconsidered'; PhD thesis, Emery University, 2009, pp. 122-4
  • B. Lewis, 'Legal and Historical Reflections on the Position of Muslim Populations under non-Muslim Rule', Journal of the Institute of Muslim Minority Affairs 13 (1992), 1-16
  • M.K. Masud, 'The Islamic Obligation to Emigrate', in D.F. Eickelmann and J. Piscatori (eds), Muslim Travellers: Pilgrimmage, Migration and Religious Imagination, Berkeley, 1990, pp. 29-49
  • J.-P. Molénat, 'Le problem de la permanence des musulmanes dans les territoires conquis par les chretiens, du point de vue de la loi islamique', Arabica 48 (2001), pp. 392-400

Mots-clés

commerce ; communauté ; musulmans ; peine de mort ; prosélytisme ; témoignage ; ğizya

Auteur de la notice

Alex   Mallett

Collaborateurs de la notice

Ahmed   Oulddali  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252109, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252109/.

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