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Codex Theodosianus [9.16.3]

Auteur

Theodosius II

Constantinus

Titre en français

Code Théodosien

Titre descriptif

Interdiction de la magie malfaisante

Type de texte

Constitution romaine

Texte

Imp. Constantinus a. et c. ad Bassum pf. p. Eorum est scientia punienda et severissimis merito legibus vindicanda, qui magicis accincti artibus aut contra hominum moliti salutem aut pudicos ad libidinem deflexisse animos detegentur. Nullis vero criminationibus implicanda sunt remedia humanis quaesita corporibus aut in agrestibus locis, ne maturis vindemiis metuerentur imbres aut ruentis grandinis lapidatione quaterentur, innocenter adhibita suffragia, quibus non cuiusque salus aut existimatio laederetur, sed quorum proficerent actus, ne divina munera et labores hominum sternerentur. Dat. X. kal. iun. Aquileia, Crispo et Constantino caess. coss. Interpretatio. Malefici vel incantatores vel immissores tempestatum vel ii, qui per invocationem daemonum mentes hominum turbant, omni poenarum genere puniantur.

Langue

Latin

Source du texte original

Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Datation

  • Date fixe : 23/12/321
  • Précisions : 23.XII.321 (date de promulgation de la loi) ; 438 (date de promulgation du code).

Aire géographique

Traduction française

Le même Auguste (Constantin) et César à Bassus, préfet de la Ville. La science de ces individus qui maîtrisent l'art de la magie et dont on apprend qu'ils ont oeuvré contre le salut des vivants ou qu'ils ont dévoyé des esprits purs doit être châtiés ; ils devront subir, comme ils le méritent, la vengeance des lois les plus sévères. Mais les remèdes recherchés au bénéfice du corps humain ne doivent faire l'objet d'aucune accusation, non plus que l'aide utilisée en toute innocence dans les régions rurales pour faire en sorte que les pluies ne constituent pas un danger pour les vignobles prêts pour les vendanges ou pour éviter que les moissons ne soient lapidées par une grêle infernale. En effet, ces procédés ne mettent en danger ni la santé ni la réputation de qui que ce soit ; au contraire, par ces actions, ces personnes font en sorte que les présents offerts par les dieux et les travaux accomplis par les hommes ne soient pas anéantis. Donné le 10e jour avant les calendes de juin à Aquilée l'année du consulat des Césars Crispus et Constantin. Interprétation : Les magiciens, enchanteurs, conjureurs d'orages ou toutes ces personnes qui via l'invocation de démons jettent dans la confusion les esprits humains doivent être punis par toutes sortes de châtiments.

Source traduction française

L. Foschia, 21 octobre 2010.

Résumé et contexte

Ce texte concerne les pratiques magiques. Il distingue d'un côté la "mauvaise magie", ce que l'on pourrait nommer la magie noire, et de l'autre les pratiques bénéfiques qui sont utiles aux hommes et à leurs activités. L'une nuit au vivant quand les autres constituent au contraire un appui précieux. L'auteur prend pour exemple de cette seconde catégorie les rites magiques qui permettent d'anticiper ou de contrer des phénomènes nuisibles aux cultures (les vignobles en particulier).

Signification historique

On note que dès le début du IVe siècle, la mise en place d'une législation réglementant les cultes païens va de pair avec la publication de constitutions visant à réprimer la pratique de la magie (cf. CTh 9.16.1, 4 ; 16.1.1). La magie est en effet à cette époque l'objet d'une très grande crainte et ses opposants se plaisent à l'assimiler aux pratiques sacrées des païens. C'est pourquoi le recours aux remèdes à base de magie (liens, phylactères, amulettes) est fréquemment condamné par les auteurs chrétiens : Jean Chrysostome, In Ep. ad Coloss. 8, 5 (PG 62, 357) ; In Ep. ad Thess. 3, 5 (PG 62, 412) ; Augustin, De cath. rudibus 25, 48 et 27, 55 (éd. M. V. O'Reilly, CCLL 46, p. 171, 177) ; In Iob. Evang. Tractatus 7, 7 (éd. R. Willems, CCLL 36, p. 71) ; Serm. Dolbeau 25, 22 = F. Dolbeau, Augustin, 263) ; Césaire d'Arles, Serm. 52, 5 (éd. M.-J. Delage, SC 243, 440). La magie bénéfique, autorisée dans ce texte par Constantin, sera condamnée par ses successeurs comme en témoigne Ammien Marcellin, Histoire, XVI, 8, 2 ; XIX, 12, 14 ; XXIX, 2, 26, 28 ; XXX, 5, 11. Sur les phénomènes météorologiques provoqués ou empêchés par la magie, on peut se reporter à Sénèque, Questions naturelles 4, 6-7 (pratiques magiques contre la grêle) et à Dion Cassius, LXXI, 8, 4 ("miracle' de la pluie lors de la guerre de Marc Aurèle contre les Quades, attribuée à un magicien égyptien). Le fait de déchaîner magiquement les éléments contre les récoltes est interdit déjà par la loi des XII Tables. 1

1 . Pline, Histoire naturelle, XVIII, 8, 41 et XXVIII, 4, 18 ; Apulée, Apol. 47 ; Augustin, Cité de Dieu, 8, 21.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Editions

  • Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).

Etudes

  • A. Barb, "The Survival of Magic Arts", in A. Momigliano, éd., The Conflict between Paganism and Christianity in the fourth Century, (Oxford, 1963), 102-106.
  • D. Briquel, Chrétiens et haruspices. La religion étrusque, dernier rempart du paganisme romain (Paris, 1997).
  • C. Castello, "Cenni nella repressione del reato di magia dagli inizi del principato fine a Costanzo II", in Atti dell'accademia romanistica costantiniana. VIII Convegno internazionale, 1987 (1990), 665-693.
  • R. Delmaire, "La législation sur les sacrifices au IVe siècle. Un essai d'interprétation", (Nouvelle) Revue Historique de Droit français et étranger 82 (2004), 319-333.
  • L. Desanti, Sileat omnibus perpetuo diuinandi curiositas. Indovini e sanzioni nel diritto romano (Milan, 1990) (= Pubbl. della Fac. di giurisprudenzia dell'Univ. di Ferrara, 2e s., 26).
  • J. Gaudemet, L'Eglise dans l'Empire romain (IVe-Ve siècles) (Paris, 1990), 644-647.
  • F. Heim, "Les auspices publics de Constantin à Théodose", Ktéma 13 (1988), 41-53.
  • F. Martroye, "La répression de la magie et le culte des gentils au IVe siècle", RHD (1930), 669-701.
  • E. Massoneau, Le crime de magie et le droit romain (Paris, 1933), 198.
  • J. Maurice, "La terreur de la magie au IVe siècle", RHD (1927), 108-120.
  • S. Montero, Politica y adivinacion en el Bajo Imperio Romano : emperadores y haruspices (193 D.C.-408 D.C.). (Bruxelles, 1991).
  • J. Ter Vrugt-Lenz, "Das Christentum und die Leberschau", Vigiliae Christianae 25 (1971), 17-28.
  • F.J. Wiebe, Kaiser Valens und heidnische Opposition (Bonn, 1995), 228.

Mots-clés

agriculture ; divination ; guérison ; magie ; paganisme

Auteur de la notice

Laurence   Foschia

Comment citer cette notice

Notice n°1120, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait1120/.

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