> Extrait

Lycophron, Alexandra, 433-438 Edition Cusset/Chauvin.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Précisions : (datation incertaine)

Texte (version originale)

τρίτον δέ, τοῦ μόσσυνας Ἐκτήνων ποτὲ

στερρᾷ δικέλλῃ βουσκαφήσαντος γόνον,

ὃν Γογγυλάτης εἷλε Βουλαῖος Μυλεύς,

ἀγηλάτῳ μάστιγι συνθραύσας κάρα,

ἦμος ξυναίμους πατρὸς αἱ Νυκτὸς κόραι

πρὸς αὐτοφόντην στρῆνον ὥπλισαν μόρου.

Traduction

Le troisième est le fils de celui qui décavaillonna un jour

Avec une solide houe les charpentes des Ectènes,

Lui qu' attrapa Tournoyeur Conseilleur Meulier,

En lui fracassant la tête de son fouet piaculaire,

Lorsque les filles de la Nuit armèrent les frères

De leur père pour une meurtrière fièvre de mort.

Source de la traduction

traduction empruntée à l'édition Chauvin/Cusset

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Il s'agit d'évoquer ici la mort, à Colophon, d'un héros grec de la guerre de Troie, après celles de Calchas et d'Idoménée : il s'agit de Sthénélos. Mais Lycophron évoque surtout à travers lui l'hybris de son père Capanée qui meurt foudroyé par Zeus quand il fait l'ascension des remparts de Thèbes.

Tout comme pour Calchas (que Lycophron fait également mourir près de Siris en Italie du Sud et auquel il prête un tombeau sans doute aux environs d'Héraclée de Lucanie, ainsi qu'un cénotaphe sur le Garganon - mais il pourrait s'agir, dans ces deux occurrences, d'un héros local - le roi daunien Calchas ou Calchos - homonyme du devin de la guerre de Troie et parfois confondu avec lui) et pour Idoménée (qui, selon l'Odyssée, III, 191-192, avait bénéficié d'un retour sain et sauf chez lui, en Crète), la mention d'un tombeau de Sthénélos près de Colophon témoigne de l'existence de versions locales et contradictoires du même mythe: Pausanias connaît en effet une tradition selon laquelle Sthénélos fils de Capanée aurait régné à Argos (II, 18) et ramené dans cette ville la statue troyenne de Zeus Patrôos qui faisait partie de son butin. En II, 18, 22 il indique d'ailleurs avoir vu dans le Gymnase de Cylarabe (nommé d'après le fils de Sthénélos) le tombeau de Sthénélos.

Rédacteur du commentaire

C. Cusset et É. Prioux

Bibliographie

Eschyle, Les Sept contre Thèbes, 423-434. Euripide, Phéniciennes, 1172-1186.

Indexation

Toponyme(s):

Thèbes; Colophon

Ethnique(s):

Ectènes

Mot(s)-clé(s) :

palissade

Commentaire iconographique 1

Commentaire

L'assaut contre les murailles de Thèbes par Capanée est essentiellement figuré sur des monuments étrusques et italiques. Mais seuls deux documents, à ce jour, le montrent simultanément foudroyé par Zeus : une pierre gravée d'époque impériale (LIMC V s.v. Kapaneus 26) et une amphore à col campanienne, attribuée au Peintre de Caivano et datée aux environs de 340 av. J.-C. (Malibu, J. Paul Getty Museum 92.AE.86: http://www.limc-france.fr/objet/95), qui offre le meilleur écho à l'évocation de cet épisode par Lycophron. Armé d'une torche et d'une hache (cf. v. 434), Capanée est juché sur une échelle posée contre les murs de la ville, clairement caractérisés ici comme une construction de bois. Certains commentateurs du vase ont proposé de voir dans ce détail l'évocation d'un décor de théâtre. Mais on notera que Lycophron utilise, pour désigner les murailles de Thèbes, le mot μόσσυν (v. 433), qui désigne une palissade. De toute évidence le poète et le peintre se réfèrent à une même tradition qui plaçait Thèbes dans un passé très lointain. On soulignera aussi que Capanée est figuré de face, dans une attitude peu confortable pour gravir une échelle : sans doute est-ce une façon de traduire l'hybris du personnage, hybris dont le foudre de Zeus, placé obliquement au-dessus de la tête de Capanée (cf. v. 436), annonce le châtiment.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/95

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°905 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait905/. Première version : 25/06/10. Date de mise à jour : 03/06/14

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