> Extrait

Anonyme, Épigrammes, 55 Gow-Page.

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Sources

Anthologie Palatine IX, 325

Texte (version originale)

Πρὶν μὲν ἁλικλύστου πέτρας ἐνὶ βένθεσιν ἥμαν

   εὐαλδὲς πόντου φῦκος ἐπεννυμένα·

νῦν δέ μοι ἱμερόεις κόλπων ἔντοσθεν ἰαύει

   λάτρις ἐϋστεφάνου Κύπριδος ἁβρος Ἔρως.

Traduction

Avant, je demeurais dans les profondeurs sur un rocher englouti par la mer enveloppé dans une algue luxuriante; maintenant, l'aimable Éros, le délicat serviteur de Cypris à la belle couronne, dort dans mon sein.

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Cette épigramme provient d'un noyau méléagrien de l'Anthologie qui reproduit vraisemblablement les articulations du livre IV de la Couronne de Méléagre. Elle est donc antérieure à 100 avant J.-C. Cette épigramme évoque un coquillage gravé où l'on pouvait voir une image d'Éros endormi. Plusieurs indices peuvent nous inciter à penser que l'objet décrit était utilisé comme un contenant pour cosmétiques: 1) les connotations érotiques associées aux motifs d'Éros, d'Aphrodite, du coquillage et à l'image du sein ou giron du coquillage (κόλπων); 2) le parallèle avec les épigrammes 11 et 12 A.-B. de Posidippe de Pella, descriptions de probables contenants à cosmétiques formés d'un coquillage où l'on a gravé l'image de la Charite Aglaé; 3) l'image initiale du coquillage, qui, au fond la mer, était «habillé» d'une algue (le terme de φῦκος peut aussi bien désigner une algue que le fard rouge qui en était extrait). Le motif de l'Éros endormi inspira plusieurs artistes et poètes de l'époque hellénistique et du début de l'époque impériale: voir par exemple Anthologie Palatine V, 178 et Anthologie de Planude 212 (voir aussi les commentaires iconographiques n°1 et 2). Ce motif était peut-être utilisé pour faire allusion aux dangers liés au réveil imminent d'Éros, l'âme risquant alors d'être immédiatement asservie par le désir. Sur ce point, voir K. Gutzwiller, art. cit.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

K. Gutzwiller, «Images poétiques et réminiscences artistiques dans les épigrammes de Méléagre», in É. Prioux - A. Rouveret (dir.), Métamorphoses du regard ancien, Nanterre, 2010, p. 67-112, spéc. p. 85-86.

Indexation

Personnages(s):

Éros; Aphrodite

Mot(s)-clé(s) :

coquillage

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Le motif de l'Éros endormi a reçu l'une de ses illustrations les plus célèbres dans un type statuaire daté de l'époque hellénistique et qui nous est parvenu à travers plusieurs variantes où Éros est endormi, en particulier sur un rocher (l'épigramme joue peut-être sur la mémoire de ce type statuaire en transférant au coquillage le détail selon lequel celui-ci aurait reposé sur un rocher). L'un des exemplaires les plus connus est un exemplaire en bronze conservé à New York (Metropolitan Museum of Arts, Rogers Fund 1943, inv. n° 43.11.4). Cf. LIMC, s. v. «Eros», n°780a (voir aussi les répliques mentionnées aux n° 780b-d). Pour d'autres versions de l'Éros endormi, voir LIMC, s. v. «Eros» cat. n°779, 781-791; on peut par exemple citer une figurine en terre cuite représentant un Éros endormi (sans rocher) retrouvée à Pella, dans une tombe du secteur est (M. Siganidou, M. Lilimpaki-Akamati, Pella. Capital of Macedonians, Athènes, 1996, p. 60 et fig. 1).

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14406

Auteur du commentaire iconographique

É. Prioux

Comment citer cette notice

Texte n°866 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait866/. Première version : 23/06/10. Date de mise à jour : 25/11/12

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