νῦν δείξεθ' ἡ Κῶς χὠ Μέροψ κόσον δραίνει

χὠ Θεσσαλὸς τίν' εἶχε χἠρακλῆς δόξαν,

χὠσκληπιὸς κῶς ἦλθεν ἐνθάδ' ἐκ Τρίκκης,

κἤτικτε Λητοῦν ὧδε τεῦ χάριν Φοίβη.

Maintenant, vous allez montrer quelle est la puissance de Cos et de Mérops, quelle est la réputation de Thessalos et d'Héraclès, pourquoi Asclépios est venu ici après avoir quitté Trikkè et pour quelle raison Phoibè a choisi ce lieu pour donner naissance à Létô.

Il s'agit d'un appel au jury lors d'un jugement à Cos: Battaros, le tenancier du bordel, qui a accusé le capitaine d'un navire marchand d'avoir enlevé l'une des prostituées, y imite les péroraisons de certains discours des orateurs attiques où est rappelé le glorieux passé de la cité (cf. Démosthène, Sur la Couronne, 208). Battaros appuie ainsi l'idée présentée aux v. 92-94: les habitants de Cos, qui se sont montrés généreux et respectueux envers les illustres visiteurs attestés dans les mythes liés à cette île, devraient lui venir en aide. Mérops, fondateur autochtone de Cos, roi de l'île, père de Cos et de Clytia (cf. Thcr. Id. VII, 5), régnait sur les Méropes, habitants pré-Doriens de l'île. Tandis qu'Héraclès revenait de sa campagne contre Troie (première prise de Troie), Héra le força, par des vents contraires, à faire escale à Cos. Il y tua le roi Eurypyle et s'unit à sa fille Chalkiopè qui donna le jour à Thessalos. Le culte d'Asclépios à Cos était perçu comme étant originaire de Trikkè (cf. Mimiambe IV, 1-2), cité de Thessalie. L'idée que Léto serait née à Cos se retrouve chez Tacite, Annales XII, 61, 1; le père de Léto était le Titan Koios (Κοῖος), parfois nommé Kôios (Κῶιος): c'est cette deuxième forme du nom qui dut donner lieu à son association avec la cité de Cos. Il me semble probable que ces traditions relatives aux liens entre Leto et Cos furent réactivées par la propagande concernant les liens entre Cos et les nouveaux rois d'Alexandrie: Ptolémée II était né à Cos et est explicitement comparé à Apollon fils de Léto naissant à Délos dans l'Hymne à Délos de Callimaque. Qu'une forme d'assimilation entre Léto et Bérénice Ire ait existé reçoit une confirmation dans la découverte des nouvelles épigrammes de Milan de Posidippe de Pella (voir 40 A.-B. et S. Müller, Das hellenistische Königspaar in der medialen Repräsentation Ptolemaios II. and Arsinoe II, Berlin - New York, Walter de Gruyter, 2009, p. 243-244).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux