> Extrait

Lycophron, Alexandra, 57-68.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Précisions : (datation incertaine)

Texte (version originale)

τὰ πάντα πρὸς φῶς ἡ βαρύζηλος δάμαρ

στείλασα κοῦρον τὸν κατήγορον χθονὸς

ἄξει, πατρὸς μομφῇσιν ἠγριωμένη,

λέκτρων θ'ἕκατι τῶν τ'ἐπεισάκτων γάμων.

Αὐτὴ δὲ φαρμακουργός, οὐκ ἰάσιμον

ἕλκος δρακοῦσα τοῦ ξυνευνέτου λυγρόν,

Γιγαντοραίστοις ἄρδισιν τετρωμένου

πρὸς ἀνθοπλίτου, ξυνὸν ὀγχήσει μόρον,

πύργων ἀπ'ἄκρων πρὸς νεόδμητον νέκυν

ῥοιζηδὸν ἐκβράσασα κύμβαχον δέμας·

πόθῳ δὲ τοῦ θανόντος ἠγκιστρωμένη

ψυχὴν περισπαίροντι φυσήσει νεκρῷ.

Traduction

Tout au grand jour, l’épouse à la cruelle jalousie, en envoyant son garçon comme dénonciateur de son sol, l’y produira, envers son père folle de griefs à cause de ses coucheries et de ses noces étrangères; elle-même faiseuse de drogues, observant, inguérissable, la plaie funeste de son compagnon blessé par les dards broyeurs de géants de son antagoniste, elle subira une fatalité partagée, du haut des donjons sur le cadavre à peine dompté recrachant, la tête en avant, son corps sifflant; crochetée au regret du défunt, elle expirera son âme sur un cadavre palpitant.

Source de la traduction

traduction empruntée à l'édition Chauvin/Cusset

Paraphrase/Commentaire sur le texte

L'Alexandra a la particularité d'introduire une cause originale du conflit troyen: Cassandre place à l'origine du conflit la jalousie d'Œnone abandonnée par Pâris qui envoie son fils Corythos en Occident pour susciter la guerre. C'est l'épisode narré dans ce passage qui s'achève avec le suicide d'Œnone se jetant du haut d'une tour sur le corps mort de Pâris. D'autres auteurs mentionnent le suicide d'Œnone, mais Lycophron est, semble-t-il, le seul à préciser qu'elle s'est jetée du haut d'une tour (dans les autres sources, Œnone se pend et, chez le seul Quintus de Smyrne, X, 411-488, elle se précipite sur le bûcher de Pâris - sur le modèle de l'Évadnè d'Euripide).

Si l'on accepte la datation traditionnelle de l'Alexandra dans la première moitié du IIIe siècle av. J.-C., ce traitement original de l'histoire d'Œnone serait antérieur au traitement qu'en donnera l'historien Hégésianax (F2 et F6 Jacoby = Parthenios, Erotika, 4 et 34) dans ses Troika, qui accordaient, semble-t-il, une large place à des légendes locales et dont la substance sera reprise par Parthénius.

Œnone, ici présentée comme maîtrisant des connaissances médicales (φαρμακουργός), est l'un de ces personnages en proie à des passions intenses qui semblent intéresser Lycophron: elle est qualifiée de baruzèlos (intensément jalouse) et se trouve associée à des images de violence soulignées, dans ce passage, par une série remarquable de participes (soulignons notamment que ses passions sont comme un fleuve débordant, ekbrazô).

Les traits «tueurs de géants» qui causent la mort de Pâris sont les flèches de Philoctète (voir Alexandra, v. 56 = ID 798), qui les avait reçues d'Héraclès (il y aurait donc ici une allusion au combat d'Héraclès contre le géant Alcyonée).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Indexation

Personnages(s):

Œnone; Paris; Corythos

Mot(s)-clé(s) :

gigantomachie; flèches; suicide

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Si de rares images font allusion à l’amour passionné d’Œnone pour Pâris (une peinture pompéienne et un médaillon d’applique du Ier s. ap. J.-C. : LIMC VII, s.v. « Oinone » n° 1-2 :), aucune ne montre son suicide.

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°719 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait719/. Première version : 18/05/10. Date de mise à jour : 15/10/14

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