> Extrait

Apollonios de Rhodes, Argonautiques, 2, 498-538 Vian-Delage.

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Texte (version originale)

ἦρι δ' ἐτήσιοι αὖραι ἐπέχραον, αἵ τ' ἀνὰ πᾶσαν

γαῖαν ὁμῶς τοιῇδε Διὸς πνείουσιν ἀρωγῇ.

Κυρήνη πέφαταί τις ἕλος πάρα Πηνειοῖο

μῆλα νέμειν προτέροισι παρ' ἀνδράσιν· εὔαδε γάρ οἱ

παρθενίη καὶ λέκτρον ἀκήρατον. Αὐτὰρ Ἀπόλλων

τήν γ' ἀνερειψάμενος ποταμῷ ἔπι ποιμαίνουσαν

τηλόθεν Αἱμονίης, χθονίῃς παρακάτθετο νύμφαις,

αἳ Λιβύην ἐνέμοντο παραὶ Μυρτώσιον αἶπος.

ἔνθα δ' Ἀρισταῖον Φοίβῳ τέκεν, ὃν καλέουσιν

Ἀγρέα καὶ Νόμιον πολυλήιοι Αἱμονιῆες.

Τὴν μὲν γὰρ φιλότητι θεὸς ποιήσατο Νύμφην

αὐτοῦ μακραίωνα καὶ ἀγρότιν· υἷα δ' ἔνεικεν

νηπίαχον Χείρωνος ὑπ' ἄντροισιν κομέεσθαι.

Τῷ καὶ ἀεξηθέντι θεαὶ γάμον ἐμνήστευσαν

Μοῦσαι, ἀκεστορίην τε θεοπροπίας τ' ἐδίδαξαν·

καί μιν ἑῶν μήλων θέσαν ἤρανον, ὅσσ' ἐνέμοντο

ἂμ πεδίον Φθίης Ἀθαμάντιον ἀμφί τ' ἐρυμνὴν

Ὄθρυν καὶ ποταμοῦ ἱερὸν ῥόον Ἀπιδανοῖο.

Ἦμος δ' οὐρανόθεν Μινωίδας ἔφλεγε νήσους

Σείριος οὐδ' ἐπὶ δηρὸν ἔην ἄκος ἐνναέτῃσι,

τῆμος τόν γ' ἐκάλεσσαν ἐφημοσύνῃς Ἑκάτοιο

λοιμοῦ ἀλεξητῆρα. Λίπεν δ' ὅ γε πατρὸς ἐφετμῇ

Φθίην· ἐν δὲ Κέῳ κατενάσσατο, λαὸν ἀγείρας

Παρράσιον, τοί πέρ τε Λυκάονός εἰσι γενέθλης·

καὶ βωμὸν ποίησε μέγαν Διὸς Ἰκμαίοιο,

ἱερά τ' εὖ ἔρρεξεν ἐν οὔρεσιν ἀστέρι κείνῳ

Σειρίῳ αὐτῷ τε Κρονίδῃ Διί. Τοῖο δ' ἕκητι

γαῖαν ἐπιψύχουσιν ἐτήσιοι ἐκ Διὸς αὖραι

ἤματα τεσσαράκοντα· Κέῳ δ' ἔτι νῦν ἱερῆες

ἀντολέων προπάροιθε Κυνὸς ῥέζουσι θυηλάς.

Καὶ τὰ μὲν ὧς ὑδέονται·

Traduction

mais, au matin, les vents Étésiens commencèrent à s'élever. Voici par quel ordre de Zeus ces vents soufflent à la fois sur toute la terre. On dit qu'une certaine Cyrène faisait paître ses troupeaux auprès du marais du Pénée; c'était au temps des hommes d'autrefois. Elle se réjouissait de sa virginité et de son lit intact. Or, Apollon l'enleva, alors qu'elle conduisait ses troupeaux au bord du fleuve. Il la transporta loin de l'Haimonîe et la confia aux Nymphes indigènes qui habitaient en Libye, auprès des sommets du Myrtose. C'est là qu'elle enfanta à Phoibos Aristée, que les Haimoniens, riches en nombreuses terres à blé, surnomment Agreus et Nomios. Par suite de son amour, le dieu fit de Cyrène une nymphe de ce pays, chasseresse et destinée à de longues années. Quant à son fils, il le prit tout enfant, pour le faire élever dans l'antre de Chiron. Lorsqu'il fut grand, les Muses s'entremirent pour le marier, et elles lui enseignèrent l'art de guérir les maladies et celui d'interpréter les présages divins. Et elles l'établirent comme chef de tous leurs nombreux troupeaux, qui paissaient dans la plaine Athamantienne de Phthie et aux environs de l'abri protecteur du mont Othrys et du cours sacré du fleuve Apidanos. Mais, alors que, du haut du ciel, Seirios desséchait les îles Minoïdes et que les habitants ne trouvaient aucun remède qui fût longtemps efficace, alors, sur l'ordre du dieu qui lance au loin ses traits, ils appelèrent Aristée, pour écarter d'eux le fléau. Celui-ci quitta donc la Phthie, comme son père le lui commandait, et s'établit à Céos, ayant rassemblé le peuple des Parrhasiens, qui sont de la race de Lycaon. Il éleva un grand autel à Zeus qui répand la pluie; et il célébra sur les montagnes des sacrifices en l'honneur de cet astre Seirios et de Zeus lui-même, fils de Cronos. C'est grâce à ces cérémonies que les vents Ëtésiens, envoyés par Zeus, rafraîchissent la terre de leur souffle pendant quarante jours. Et, maintenant encore, à Céos, les prêtres sacrifient des victimes un peu avant le lever de la constellation du Chien. Telle est la tradition que l'on chante.

Source de la traduction

Traduction De La Ville de Mirmont

Paraphrase/Commentaire sur le texte

La légende de Cyréné est racontée par Hésiode (Catalogues, fr. 215-217 MW) et par Pindare (Pythiques, 9, 1-70). Apollonios emprunte à ces deux sources tout en manifestant une certaine originalité : il souligne toujours les éléments thessaliens et s'oppose en général à Pindare. Comme chez Hésiode, Cyréné est montrée sur les bords du Pénée (alors que Pindare la fait viver sur le Pélion) où elle garde des troupeaux. Pindare en fait surtout une chasseresse qui protège les troupeaux de son père contre les fauves. Contre Pindare, Apollonios souligne bien qu'elle ne devient chasseresse que plus tard en Libye par la grâce d'Apollon. Apollonios ajoute une remarque cyrénéenne avec les Nymphes libyennes qui sont absentes chez Pindare. Cyréné donne un fils à Apollon, Aristée, qui porte ici trois épiclèses, sans doute traditionnelles (Hésiode, fr. 216 et Pindare, v. 63-5 ; DIodore, 4, 81). Mais Apollonios ne retient pas les valeurs théologiques que ces épiclèses indiqueraient (Pindare précise qu'il est l'hypostase de Zeus ou d'Apollon en fonction de son épiclèse). Aristée fait figure de héros civilisateur : Apollonios mentionnera les inventions de l'apiculture et de l'ostréiculture en 4, 1132-33 ; ici il lui attribue des connaissances en médecine et en divination qu'on ne retrouve pas ailleurs. Ici enfin Apollonios indique que c'est Apollon lui-même qui confie son fils à Chiron pour son éducation ; chez Pindare il est enlevé par Hermès qui le confie aux Heures. L'histoire d'Aristée se termine par l'institution d'un culte à Zeus Icmaios : voir Callimaque fr. 75, 32-7 Pfeiffer.

Rédacteur du commentaire

C. Cusset

Indexation

Ethnique(s):

Haimonien; Parrhasien

Mot(s)-clé(s) :

autel; Sirius; pâtre

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Nous ne connaissons pas de représentations assurées d'Apollon et de Cyrène. Seule une inscription sur un bloc de marbre provenant d'un autel monumental, de l'agora de Cyrène, associe les noms du dieu et de la nymphe (vers 275 av. J.-C. LIMC, s.v. "Kyrene" n° 2).

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°70992 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait70992/. Première version : 23/03/11. Date de mise à jour : 30/10/12

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