> Extrait

Apollonios de Rhodes, Argonautiques, 2, 179-193 Vian-Delage.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

Ἔνθα δ' ἐπάκτιον οἶκον Ἀγηνορίδης ἔχε Φινεύς,

ὃς περὶ δὴ πάντων ὀλοώτατα πήματ' ἀνέτλη

εἵνεκα μαντοσύνης, τήν οἱ πάρος ἐγγυάλιξε

Λητοΐδης. Oὐδ' ὅσσον ὀπίζετο καὶ Διὸς αὐτοῦ

χρείων ἀτρεκέως ἱερὸν νόον ἀνθρώποισι.

τῶ καί οἱ γῆρας μὲν ἐπὶ δηναιὸν ἴαλλεν, ἐκ δ' ἕλετ' ὀφθαλμῶν γλυκερὸν φάος· οὐδὲ γάνυσθαι

εἴα ἀπειρεσίοισιν ὀνείασιν, ὅσσα οἱ αἰεὶ

θέσφατα πευθόμενοι περιναιέται οἴκαδ' ἄγειρον,

ἀλλὰ διὰ νεφέων ἄφνω πέλας ἀίσσουσαι

Ἅρπυιαι στόματος χειρῶν τ' ἀπὸ γαμφηλῇσι

συνεχέως ἥρπαζον. Ἐλείπετο δ' ἄλλοτε φορβῆς

οὐδ' ὅσον, ἄλλοτε τυτθόν, ἵνα ζώων ἀκάχοιτο·

καὶ δ' ἐπὶ μυδαλέην ὀδμὴν χέον· οὐδέ τις ἔτλη

μὴ καὶ λευκανίηνδε φορεύμενος, ἀλλ' ἀποτηλοῦ

ἑστηώς, τοῖόν οἱ ἀπέπνεε λείψανα δαιτός.

Traduction

C'est là, au bord de la mer, que l'Agénoride Phinée avait sa demeure : lui qui, plus que tous les hommes, eut à supporter de funestes maux, à cause de cette science de devin que le Létoïde avait jadis remis entre ses mains : car il n'avait pas eu la moindre réserve, et ses oracles avaient dévoilé aux hommes en toute exactitude les desseins sacrés de Zeus lui- même. Aussi le dieu lui envoya une vieillesse qui devait durer longtemps, et lui ravit la douce lumière des yeux. Et il ne lui permettait pas de se réjouir des innombrables aliments que portaient en foule à sa demeure les habitants du voisinage, qui venaient sans cesse interroger ses oracles. Car aussitôt, du haut des nuages, se précipitant vers lui d'un vol rapide, les Harpyes venaient continuellement lui arracher à coups de becs les aliments de la bouche et des mains. Tantôt elles ne lui laissaient rien, tantôt elles lui abandonnaient un peu de nourriture, juste assez pour qu'il pût continuer à vivre dans la privation. Et elles répandaient sur ces aliments une odeur si infecte que personne n'eût supporté, non seulement de les approcher de la bouche, mais même de s'en tenir à quelque distance. Telle était la puanteur qui s'exhalait des restes de nourriture qui lui étaient laissés.

Source de la traduction

Traduction de La Ville de Mirmont modifiée

Paraphrase/Commentaire sur le texte

L'épisode se passe sur les rives du Bosphore en Thynie d'Europe (v. 178). Apollonios suit ici à propos de Phinée globalement la tradition hésiodique (cf. fr. 157 MW et 254 MW), mais il en simplifie sans doute nettement les données. Il ne dit pas par exemple en quoi a consisté la faute de Phinée précisément. Phinée, qui par bien des aspects se rapproche de Prométhée, est présenté à l'échelle humaine par le poète hellénistique.

Rédacteur du commentaire

C. Cusset

Indexation

Personnages(s):

Phinée; Agénor; Apollon; Léto; Zeus; Harpyes

Toponyme(s):

autre

Mot(s)-clé(s) :

repas; puanteur; cécité

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Quelques vases, presque tous attiques, montrent Phinée aux prises avec les Harpyies représentées comme des femmes ailées. La scène figurée sur une hydrie du Peintre de Kléophradès (autrefois Malibu, Getty Mus.85.AE.316; http://www.limc-france.fr/objet/5017) pourrait être rapprochée du texte d'Apollonios, bien qu'elle lui soit bien antérieure : Phinée, aveugle, assis derrière une table chargée de mets, tend des mains impuissantes vers les Harpyies qui arrivent en volant pour lui arracher sa nourriture.

Sur une amphore attique (Londres, B.M. E 302, http://www.limc-france.fr/objet/14812) Phinée aveugle, assis de face sur un trône, tient un sceptre et tend le bras droit vers les Harpyies qui s'éloignent en emportant de la nourriture, laissant sur la table quelques restes (de viande ?).

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/5017

http://www.limc-france.fr/objet/14812

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°70978 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait70978/. Première version : 17/03/11. Date de mise à jour : 31/10/12

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