> Extrait

Ménandre, Samia, 495-505 Sandbach.

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Date du texte cité

entre -325 et -290 av J.-C.

Précisions : Ménandre est né en 342 ou 341 et est mort vers cinquante ans.

Texte (version originale)

{(Νι)}... ὢ πάνδεινον ἔργον· ὢ τὰ Τηρέως λέχη

Οἰδίπου τε καὶ Θυέστου καὶ τὰ τῶν ἄλλων, ὅσα

γεγονόθ’ ἡμῖν ἐστ’ ἀκοῦσαι, μικρὰ ποιήσας —

                              {(Μο)} ἐγώ;

{(Νι)} τοῦτ’ ἐτόλμησας σὺ πρᾶξαι, τοῦτ’ ἔτλης; Ἀμύντορος

νῦν ἐχρῆν ὀργὴν λαβεῖν σε, Δημέα, καὶ τουτονὶ

ἐκτυφλῶσαι.

            {(Δη)} διά σε τούτωι γέγονε πάντα καταφανῆ.

{(Νι)} τίνος ἀπόσχοι’ ἂν σύ; ποῖον οὐκ ἄν [

εἶτ’ ἐγώ σοι δῶ γυναῖκα τὴν ἐμαυτ[οῦ θυγατέρα;

πρότερον — εἰς κόλπον δέ φασι· τὴν Ἀδ̣[ράστειαν σέβω —

ἐπὶ Διομνήστωι γενοίμην νυμφίωι [

ὁμολογουμένην ἀτυχίαν.

Traduction

NICERATOS : Ô forfait terrible ! Ô toi qui as réduit à rien les unions de Térée, et d'Oedipe, et de Thyeste, et toutes celles dont il nous est donné d'entendre l'histoire !

MOSCHION : Moi ?

NICERATOS : Tu as osé faire cela, toi, tu en as eu le front ? Mais tu aurais dû ressentir la colère d'Amyntor, Deméas, et aveugler cet individu.

DEMEAS : C'est à cause de toi que tout est devenu clair pour lui.

NICERATOS : De quoi te tiendrais-tu éloigné ? Quel (crime) ne (commettrais-tu) pas ? Et après cela, que moi je te donne ma propre fille en mariage ! Puissé-je plutôt - je crache dans mon sein, comme on dit, pour honorer Adrastée - voir comme jeune époux Diomnestos, ce que tout le monde s'accorde à considérer comme un malheur.

Source de la traduction

traduction I. David

Paraphrase/Commentaire sur le texte

C'est un malentendu qui est à l'origine de cette scène. Déméas vit avec une Samienne, sa concubine, et croit, à tort, son fils Moschion coupable d'avoir eu d'elle un enfant (c'est à Moschion que s'adresse sa réplique dans ce passage). C'est la raison pour laquelle Nicératos, l'ami de Déméas, s'indigne ici et refuse de donner sa fille en mariage au jeune homme.

Pour le commentaire de ce passage du point de vue mythologique, voir l'édition de J.-M. Jacques (Ménandre, t. I, 1, La Samienne, Paris, CUF, 1971, 1989 (2e éd.), p. 34 et renvois : l'érudit rappelle que les mythes évoqués ici doivent être avant tout des échos de tragédies, et il se trouve précisément que l'Œdipe d'Euripide est cité aux vers 325-326 de la Samia.

Quant à la légende de Phénix, censé avoir séduit la concubine de son père Amyntor, elle a été traitée aussi bien par Euripide que par Sophocle (voir aussi Iliade, IX, 448 sq. et Apollod., Bibl., III, 13, 8). Mais la version euripidéenne était mieux connue. Du reste, les vers 515-519 de la Samienne s'inspirent sans aucun doute possible, selon J.-M. Jacques, d'un fragment du Phénix d'Euripide cité par Eschine: le fragment 812 Nauck 2 (= Tragicorum Graecorum Fragmenta, 2e éd.). Le fait que Nicératos se réfère explicitement au mythe de Phénix, dans le passage qui nous occupe, ne peut donc pas être le fruit du hasard. J.-M. Jacques va jusqu'à penser que c'est le Phénix d'Euripide qui a donné à Ménandre l'idée du jeune homme faussement soupçonné d'une liaison coupable avec la concubine de son père, de même que l'Alopè d'Euripide a inspiré au dramaturge l'idée de l'arbitrage dans les Epitrepontes. L'Iliade ne connaît pas le châtiment qu'est l'aveuglement de Phénix évoqué ici, mais voir à son propos Euripide, frg. 816 Nauck 2.

Le personnage de Diomnestos est inconnu par ailleurs.

L'appel à Adrastée (dont le nom signifie littéralement l'«Inévitable») vise à «corriger les effets d'un voeu imprudent» (J.-M. Jacques, op. cit., ibid.). Un personnage invoque également Adrastée dans la Perikeiroménè, pour détourner les éventuelles conséquences funestes de la trop bonne opinion qu'il a de lui et qu'il exprime (v. 304 Sandbach). C'est dans un contexte similaire que le Scéparnion de Plaute, alors qu'il se vante de son succès supposé auprès des femmes, s'exclame, par superstition : praefiscine (Rudens, v. 461). Enfin, on lit un appel à Adrastée et à Némésis dans la Methe de Ménandre.

Rédacteur du commentaire

I. David

Bibliographie

L'édition utilisée est celle de F. H. Sandbach, Menandri Reliquiae Selectae, Oxford, 1972, 1990 (2e éd.). Dans l'édition de J.-M. Jacques (Ménandre, t. I, 1, La Samienne, Paris, CUF, 1971, 1989 (2éd.), la numérotation des vers, qui tient compte des lacunes est la suivante : 667-677.

Indexation

Thèmes(s):

Unions coupables

Mot(s)-clé(s) :

mariage; unions malheureuses

Comment citer cette notice

Texte n°702 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait702/. Première version : 04/05/10. Date de mise à jour : 27/10/12

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