Ἔστι δέ τις αἰπεῖα Προποντίδος ἔνδοθι νῆσος

τυτθὸν ἀπὸ Φρυγίης πολυληίου ἠπείροιο

εἰς ἅλα κεκλιμένη, ὅσσον τ' ἐπιμύρεται ἰσθμὸς

χέρσῳ ἔπι πρηνὴς καταειμένη· ἐν δέ οἱ ἀκταὶ

ἀμφίδυμοι, κεῖται δ' ὑπὲρ ὕδατος Αἰσήποιο.

Ἄρκτων μιν καλέουσιν ὄρος περιναιετάοντες·

καὶ τὸ μὲν ὑβρισταί τε καὶ ἄγριοι ἐνναίουσιν

Γηγενέες, μέγα θαῦμα περικτιόνεσσιν ἰδέσθαι.

ἓξ γὰρ ἑκάστῳ χεῖρες ὑπέρβιοι ἠερέθοντο,

αἱ μὲν ἀπὸ στιβαρῶν ὤμων δύο, ταὶ δ' ὑπένερθεν

τέσσαρες αἰνοτάτῃσιν ἐπὶ πλευρῇς ἀραρυῖαι.

Il est, dans la Propontide, une île élevée, en avancée dans la mer, située si près du continent phrygien riche en blés qu'elle n'en est séparée d'un côté que par un isthme, entouré de flots mugissants ; elle descend vers le continent en pente raide et ses rivages, accessibles des deux côtés, sont situés au-delà du fleuve Aisêpos. Les peuples qui demeurent aux environs appellent cet endroit le Mont aux Ours. Et il a des habitants sauvages et féroces, des Fils de la Terre, étranges prodiges aux yeux de leurs voisins. En effet ils brandissaient chacun six bras d'une force extrême : deux, fixés à leurs robustes épaules, et les quatre autres, plus bas, adaptés à leurs flancs redoutables.

Ces Fils de la Terre ressemblent aux Cents-Bras qu'on trouve chez Hésiode, Théogonie, 147-153. Leur présence sert de contre-point aux Dolions civilisés.

Rédacteur du commentaire

C. Cusset