> Extrait

Apollonios de Rhodes, Argonautiques, 1, 742-746 Vian-Delage.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

Ἑξείης δ' ἤσκητο βαθυπλόκαμος Κυθέρεια

Ἄρεος ὀχμάζουσα θοὸν σάκος· ἐκ δέ οἱ ὤμου

πῆχυν ἔπι σκαιὸν ξυνοχὴ κεχάλαστο χιτῶνος

νέρθε παρὲκ μαζοῖο· τὸ δ' ἀντίον ἀτρεκὲς αὔτως

χαλκείῃ δείκηλον ἐν ἀσπίδι φαίνετ' ἰδέσθαι.

Traduction

Ensuite était représentée la déesse cythéréenne aux tresses épaisses, tenant le bouclier facile à manier d'Arès. Depuis son épaule jusqu'au coude gauche, l'attache de sa tunique s'était relâchée et passait au-dessous de son sein : en face d'elle, de manière très exacte, son image apparaissait visible dans le bouclier d'airain.

Source de la traduction

Traduction de Ch. Cusset

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Sur le manteau de Jason plusieurs scènes sont représentées. Ici nous avons une image d'Aphrodite, déesse de Cythère. Plusieurs commentateurs ont voulu reconnaître dans ce passage l'influence du type connu sous le nom d'Aphrodite de Capoue, qui se mire dans un bouclier (LIMC s.v. "Aphrodite"n° 627-642): voir E. Simon, «Der Schild des Achilleus», dans G. Boehm et H. Pfotenhauer (dir.), Beschreibungskunst - Kunstbeschreibung: Ekphrasis von der Antike bis zur Gegenwart, Munich, p. 123-141, spéc. p. 135. Comme le souligne G. Zanker (Modes of Viewing in Hellenistic poetry and art, Londres, 2003, p. 56 et n. 65), le texte ne dit pas explicitement qu'Aphrodite se mire et contemple sa propre image: cette idée est inférée par les lecteurs à partir de l'idée selon laquelle Aphrodite tient le bouclier et a, en face d'elle (ἀντίον), une image très exacte d'elle-même.

Rédacteur du commentaire

C. Cusset et É. Prioux

Bibliographie

E. Will, Korinthiaka, 1955, p. 225 et 228.

Indexation

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Commentaire iconographique 1

Commentaire

Le type de l'Aphrodite de Capoue, très populaire aux époques hellénistique et romaine, est reproduit sur divers objets, statuettes de terre cuite et de marbre, lampes, et surtout monnaies corinthiennes d'époque impériale (voir LIMC s.v. "Aphrodite"n° 627-642; M. Hamiaux, Revue archéologique 2002/2 p. 262-268; R. M. Kousser, p. 19-28). L'original de cette Aphrodite est généralement daté dans la 2e moitié du IVe s. av. J.-C. où il aurait été créé par un sculpteur dont on ignore le nom. Le problème de son identité ou non avec l'Aphrodite "en armes" mentionnée par Pausanias (II, 5,1) comme étant une statue de culte se trouvant à Corinthe, se pose. Une peinture murale découverte à Corinthe (Corinthe, Mus. Arch. A-1990-8, d'époque antonine, R. M. Kousser, Hellenistic and Roman Ideal Sculpture. The Allure of the Classical, 2008, p. 21 fig. 9) montre la déesse à demi nue se mirant dans le bouclier qu'elle tient devant elle.

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 2

Commentaire

L’attention portée par Apollonios au détail du chiton de la déesse qui, en glissant de l’épaule au coude gauche, dévoile un sein, montre que si le poète s'est inspiré d'un type iconographique connu, il ne peut s'agir de l’Aphrodite "de Capoue", dont le haut du corps est entièrement nu jusqu'aux hanches. On songera donc plutôt à un type statuaire combinant le bouclier-miroir de l’Aphrodite 'de Capoue" et le détail vestimentaire de l’Aphrodite « de Fréjus » dite aussi « Venus genitrix » (Louvre MA 525: http://www.limc-france.fr/objet/14509) ou encore de l’Aphrodite armée d’Epidaure (Athènes, Mus. Nat. 262: http://www.limc-france.fr/objet/14513), créées l’une à la fin du Ve siècle, peut-être par Callimaque, la seconde au début du IVe s. av. J.-C., et connues au travers de nombreuses répliques romaines.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14509

http://www.limc-france.fr/objet/14513

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°30532 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait30532/. Première version : 18/01/11. Date de mise à jour : 07/05/12