> Extrait

Lycophron, Alexandra, 31-37.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Précisions : (datation incertaine)

Texte (version originale)

Αἰαῖ, τάλαινα θηλαμὼν κεκαυμένη,

καὶ πρόσθε μὲν πεύκῃσιν οὐλαμηφόροις

τριεσπέρου λέοντος, ὅν ποτε γνάθοις

Τρίτωνος ἠμάλαψε κάρχαρος κύων.

Ἔμπνους δὲ δαιτρὸς ἡπάτων φλοιδούμενος

τινθῷ λέβητος ἀφλόγοις ἐπ' ἐσχάραις

σμήριγγας ἐστάλαξε κωδείας πέδῳ,

Traduction

Hélas! ô pauvre nourricière, incendiée autrefois aussi par les pins porte-troupes du lion des trois soirs, qu’entre ses mâchoires, un jour, le chien aux crocs acérés de Triton élimina — survivant, débiteur de foie flammant à la vapeur d’un chaudron sur un brasier sans flamme, il écoula les crins de sa tête sur le sol.

Source de la traduction

traduction empruntée à l'édition Chauvin/Cusset

Paraphrase/Commentaire sur le texte

L'histoire d'Hésionè se présente comme un leitmotiv parcourant l'Alexandra du début à la fin. L'importance exceptionnelle que Lycophron confère à Hésionè s'explique probablement par la volonté de mettre en valeur la première ruine de Troie, et donc de mettre en perspective la guerre de Troie en rappelant qu'elle est une nouvelle manifestation d'un conflit préexistant. Hésionè fait en outre partie d'une longue série d'héroïnes qui passent d'Asie en Europe ou d'Europe en Asie dans le cadre des relations conflictuelles des deux continents et qui sont pour certaines appelées à donner le jour à des personnages qui pourraient représenter une forme de sungeneia entre les deux terres.Le premier passage où l'on rencontre Hésionè explique la première ruine de Troie par une double rupture de la kharis entre Laomédon, roi de Troie, et les dieux: Laomédon aurait en effet refusé de rétribuer les services d'Apollon et de Poséidon qui avaient bâti les murailles de Troie et Poséidon aurait donc envoyé le kêtos pour ravager Troie, événement qui débouche sur l'exposition d'Hésionè. Héraclès libère Hésionè mais Laomédon se fait une deuxième fois parjure en ne lui remettant pas l'attelage qu'il lui avait promis en échange de cette libération. C'est alors qu'Héraclès dévaste Troie en déclenchant un incendie (sur cette expédition d'Héraclès contre Troie voir ID 212). On retrouve donc ici le thème de la kharis dont la rupture semble mettre en cause l'ordre du monde. Ce premier traitement du mythe d'Hésionè lie aussi de manière explicite, au seuil du poème, l'Ilioupersis à venir à la première ruine de Troie: Cassandre rapproche les deux incendies consumant la cité.

Les vers cités rappellent précisément la première ruine de Troie et l'incendie provoqué par Héraclès qui venait de libérer Hésionè. La version de Lycophron se distingue en outre par le fait que le poète décrit Héraclès cuisant dans le ventre du monstre où il se serait introduit suivant une version remontant à Hellanicos de Lesbos (4F26b Jacoby).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Indexation

Personnages(s):

Héraclès; Hésionè; kêtos

Commentaire iconographique 1

Commentaire

De rares peintures de vases pourraient évoquer le moment où Héraclès pénètre à l'intérieur du monstre pour le combattre. Un cratère étrusque du Musée Archéologique National de l'Ombrie, à Pérouse, du troisième quart du IVe s. av. J.-C. (http://www.limc-france.fr/objet/13674), montre le héros, un pied déjà posé sur la mâchoire inférieure du kétos, tirant son épée du fourreau, geste qui évoque le "débiteur de foie" (cf. LIMC, s.v. "Herakles/Hercle" n° 266   = 293). Le motif de la draperie qui protège son bras gauche et sa tête peut être rapproché de l'évocation par Lycophron de la "vapeur d'un chaudron sur un brasier sans flamme" qui menace le héros.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/13674

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 2

Commentaire

La scène peinte sur une coupe attique du Musée National de Tarente 52155, de 540-520 av. J.-C. (cf. LIMC, s.v. "Hesione"n° 4) pourrait être rapprochée de cette version de la légende : Héraclès coiffé de la léonté, pose apparemment le pied sur la mâchoire inférieure d'un énorme poisson qui semble sur le point de l'engloutir. Cependant, il ne va pas entrer dans la gueule du monstre : une harpé dans la main, il s'apprête à lui couper la langue, geste qui se réfère à une autre tradition que celle rapportée par Lycophron.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/13673

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 3

Commentaire

Pour l'expédition d'Héraclès contre Troie, voir le commentaire de la notice ID 212

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°262 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait262/. Première version : 08/01/10. Date de mise à jour : 14/11/12

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