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Théocrite, Idylle 25, 204-281 Gow.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

τὸν μὲν ἐμοὶ πρώτιστα τελεῖν ἐπέταξεν ἄεθλον

Εὐρυσθεύς, κτεῖναι δέ μ᾿ ἐφίετο θηρίον αἰνόν.

αὐτὰρ ἐγὼ κέρας ὑγρὸν ἑλὼν κοίλην τε φαρέτρην

ἰῶν ἐμπλείην νεόμην, ἑτέρηφι δὲ βάκτρον

εὐπαγὲς αὐτόφλοιον ἐπηρεφέος κοτίνοιο

ἔμμητρον, τὸ μὲν αὐτὸς ὑπὸ ζαθέῳ Ἑλικῶνι

εὑρὼν σὺν πυκινῇσιν ὁλοσχερὲς ἔσπασα ῥίζαις.

αὐτὰρ ἐπεὶ τὸν χῶρον ὅθι λὶς ἦεν ἵκανον,

δὴ τότε τόξον ἑλὼν στρεπτῇ ἐπέλασσα κορώνῃ

νευρειήν, περὶ δ᾿ ἰὸν ἐχέστονον εἶθαρ ἔβησα.

πάντῃ δ᾿ ὄσσε φέρων ὀλοὸν τέρας ἐσκοπίαζον,

εἴ μιν ἐσαθρήσαιμι πάρος γ᾿ ἐμὲ κεῖνον ἰδέσθαι.

ἤματος ἦν τὸ μεσηγύ, καὶ οὐδέπω ἴχνια τοῖο

φρασθῆναι δυνάμην οὐδ᾿ ὠρυθμοῖο πυθέσθαι.

οὐδὲ μὲν ἀνθρώπων τις ἔην ἐπὶ βουσὶ καὶ ἔργοις

φαινόμενος σπορίμοιο δι᾿ αὔλακος ὅντιν᾿ ἐροίμην,

ἀλλὰ κατὰ σταθμοὺς χλωρὸν δέος εἶχεν ἕκαστον.

οὐ μὴν πρὶν πόδας ἔσχον ὄρος τανύφυλλον ἐρευνῶν

πρὶν ἰδέειν ἀλκῆς τε μεταυτίκα πειρηθῆναι.

ἤτοι ὃ μὲν σήραγγα προδείελος ἔστιχεν εἰς ἥν,

βεβρωκὼς κρειῶν τε καὶ αἵματος, ἀμφὶ δὲ χαίτας

αὐχμηρὰς πεπάλακτο φόνῳ χαροπόν τε πρόσωπον

στήθεά τε, γλώσσῃ δὲ περιλιχμᾶτο γένειον.

αὐτὰρ ἐγὼ θάμνοισιν ἄφαρ σκιεροῖσιν ἐκρύφθην

ἐν τρίβῳ ὑλήεντι δεδεγμένος ὁππόθ᾿ ἵκοιτο,

καὶ βάλον ἆσσον ἰόντος ἀριστερὸν εἰς κενεῶνα

τηυσίως· οὐ γάρ τι βέλος διὰ σαρκὸς ὄλισθεν

ὀκριόεν, χλωρῇ δὲ παλίσσυτον ἔμπεσε ποίῃ.

αὐτὰρ ὃ κρᾶτα δαφοινὸν ἀπὸ χθονὸς ὦκ᾿ ἐπάειρε

θαμβήσας, πάντῃ δὲ διέδρακεν ὀφθαλμοῖσι

σκεπτόμενος, λαμυροὺς δὲ χανὼν ὑπέδειξεν ὀδόντας.

τῷ δ᾿ ἐγὼ ἄλλον ὀιστὸν ἀπὸ νευρῆς προΐαλλον,

ἀσχαλόων ὅ μοι ὁ πρὶν ἐτώσιος ἔκφυγε χειρός·

μεσσηγὺς δ᾿ ἔβαλον στηθέων, ὅθι πνεύμονος ἕδρη.

ἀλλ᾿ οὐδ᾿ ὣς ὑπὸ βύρσαν ἔδυ πολυώδυνος ἰός,

ἀλλ᾿ ἔπεσε προπάροιθε ποδῶν ἀνεμώλιος αὔτως.

τὸ τρίτον αὖ μέλλεσκον ἀσώμενος ἐν φρεσὶν αἰνῶς

αὐερύειν· ὁ δέ μ᾿ εἶδε περιγληνώμενος ὄσσοις

θὴρ ἄμοτος, μακρὴν δὲ περ᾿ ἰγνύῃσιν ἕλιξε

κέρκον, ἄφαρ δὲ μάχης ἐμνήσατο· πᾶς δέ οἱ αὐχήν

θυμοῦ ἐνεπλήσθη, πυρσαὶ δ᾿ ἔφριξαν ἔθειραι

σκυζομένῳ, κυρτὴ δὲ ῥάχις γένετ᾿ ἠΰτε τόξον,

πάντοθεν εἰλυθέντος ὑπὸ λαγόνας τε καὶ ἰξύν.

ὡς δ᾿ ὅταν ἁρματοπηγὸς ἀνὴρ πολέων ἴδρις ἔργων

ὅρπηκας κάμπτῃσιν ἐρινεοῦ εὐκεάτοιο,

θάλψας ἐν πυρὶ πρῶτον, ἐπαξονίῳ κύκλα δίφρῳ·

τοῦ μὲν ὑπὲκ χειρῶν ἔφυγεν τανύφλοιος ἐρινός

καμπτόμενος, τηλοῦ δὲ μιῇ πήδησε σὺν ὁρμῇ·

ὣc ἐπ᾿ ἐμοὶ λὶς αἰνὸς ἀπόπροθεν ἀθρόος ἆλτο

μαιμώων χροὸς ἆσαι· ἐγὼ δ᾿ ἑτέρηφι βέλεμνα

χειρὶ προεσχεθόμην καὶ ἀπ᾿ ὤμων δίπλακα λώπην,

τῇ δ᾿ ἑτέρῃ ῥόπαλον κόρσης ὕπερ αὖον ἀείρας

ἤλασα κὰκ κεφαλῆς, διὰ δ᾿ ἄνδιχα τρηχὺν ἔαξα

αὐτοῦ ἐπὶ λασίοιο καρήατος ἀγριέλαιον

θηρὸς ἀμαιμακέτοιο. πέσεν δ᾿ ὅγε πρὶν ἔμ᾿ ἱκέσθαι

ὑψόθεν ἐν γαίῃ καὶ ἐπὶ τρομεροῖς ποσὶν ἔστη

νευστάζων κεφαλῇ· περὶ γὰρ σκότος ὄσσε οἱ ἄμφω

ἦλθε, βίῃ σεισθέντος ἐν ὀστέῳ ἐγκεφάλοιο.

τὸν μὲν ἐγὼν ὀδύνῃσι παραφρονέοντα βαρείαις

νωσάμενος, πρὶν αὖτις ὑπότροπον ἀμπνυνθῆναι,

αὐχένος ἀρρήκτοιο παρ᾿ ἰνίον † ἤλασα † προφθάς,

ῥίψας τόξον ἔραζε πολύρραπτόν τε φαρέτρην·

ἦγχον δ᾿ ἐγκρατέως στιβαρὰς σὺν χεῖρας ἐρείσας

ἐξόπιθεν, μὴ σάρκας ἀποδρύψῃ ὀνύχεσσι,

πρὸς δ᾿ οὖδας πτέρνῃσι πόδας στερεῶς ἐπίεζον

οὐραίους ἐπιβάς, μηροῖσί τε πλεύρ᾿ ἐφύλασσον,

μέχρι οὗ ἐξετάνυσσα βραχίοσιν ὀρθὸν ἀείρας

ἄπνευστον, ψυχὴν δὲ πελώριος ἔλλαβεν ᾍδης.

καὶ τότε δὴ βούλευον ὅπως λασιαύχενα βύρσαν

θηρὸς τεθνειῶτος ἀπὸ μελέων ἐρυσαίμην,

ἀργαλέον μάλα μόχθον, ἐπεὶ οὐκ ἔσκε σιδήρῳ

τμητὴ οὐδὲ λίθοις πειρωμένῳ οὐδὲ μὲν † ὕλῃ.

ἔνθα μοι ἀθανάτων τις ἐπὶ φρεσὶ θῆκε νοῆσαι

αὐτοῖς δέρμα λέοντος ἀνασχίζειν ὀνύχεσσι.

τοῖσι θοῶς ἀπέδειρα, καὶ ἀμφεθέμην μελέεσσιν

ἕρκος ἐνυαλίου ταμεσίχροοc ἰωχμοῖο.

οὗτός τοι Νεμέου γένετ᾿, ὦ φίλε, θηρὸς ὄλεθρος,

πολλὰ πάρος μήλοις τε καὶ ἀνδράσι κήδεα θέντος.'

Traduction

Voici le premier des travaux qu'Eurysthée m'ordonna d'accomplir: il me chargea de tuer le fauve terrible. Et moi, je pris mon arc souple et mon carquois creux rempli de flèches et je partis, tenant de l'autre main un bâton solide, provenant d'un olivier sauvage retombant, muni de son écorce et de sa moelle, que j'avais trouvé moi-même au pied du divin Hélicon et que j'avais arraché tout entier, avec ses racines serrées. Lorsque j'arrivai à l'endroit où se trouvait le lion, je saisis l'arc, j'attachai le nerf à l'extrémité recourbée et y plaçai aussitôt une flèche porteuse de souffrances. Portant mes regards partout, je cherchais le monstre funeste, si je l'apercevais avant qu'il ne me vît. C'était le milieu du jour et je ne pouvais trouver ses traces ni entendre son rugissement. Aucun homme ne se montrait, auprès des boeufs ou occupé par les travaux des champs labourés prêts à être ensemencés, que j'aurais pu interroger: la peur blême retenait chacun dans les fermes. Moi, je cherchais à travers la montagne couverte de feuilles et je n'arrêtai pas mes pas avant de l'avoir vu et d'avoir aussitôt mis ma force à l'épreuve. Peu avant le coucher du soleil, il rentrait dans son antre, repu de chairs et de sang; tout autour, sa crinière sale, sa face aux yeux étincelants et son poitrail étaient souillés de sang, et de sa langue, il se léchait son menton. Je me cachai aussitôt dans les taillis ombreux au bord de la sente forestière, l'attendant de pied ferme lorsqu'il arriverait, et lorsqu'il fut plus près, je lui tirai une flèche dans le flanc gauche - en vain: la flèche pointue ne pénétra pas dans la chair, mais, repoussée, tomba dans l'herbe verte. Lui releva aussitôt sa tête souillée de sang du sol, étonné, regardait partout de ses yeux, observant tout, et fit voir ses dents voraces, ouvrant grand sa gueule. Moi, je lui décochai depuis le nerf une autre flèche, irrité que la flèche précédente se soit échappée de mes mains en vain; je le frappai au milieu de la poitrine, en plein poumon. Mais pas même ainsi la flèche qui cause beaucoup de souffrances ne s'enfonça dans le cuir, mais elle tomba devant ses pieds, pareillement inutile. Terriblement dégoûté dans l'âme, je m'apprêtai à en tirer une troisième. Mais lui me vit, regardant tout autour de ses yeux, le monstre violent, et, enroulant sa longue queue autour de ses jarrets, songea aussitôt à se battre. Toute son encolure se gonfla de rage, d'irritation, sa crinière rouge se dressa, son épine dorsale devint courbe comme un arc, comme de toutes parts il se ramassa sur lui-même, contractant les flancs et les hanches. Comme lorsque un charron, instruit en de nombreux travaux, courbe les jeunes pousses d'un figuier sauvage facile à fendre en roues pour le char qui repose sur l'essieu, après les avoir chauffées au feu; comme il le courbe, le bois de figuier à l'écorce allongée lui échappe des mains et d'un seul élan va bondir au loin; ainsi, le lion terrible, d'un seul bond, saute sur moi, avide de se repaître de ma peau; moi, d'une main, je lui présente mes traits et le double manteau, que j'avais enlevé de mes épaules; de l'autre, levant ma massue de bois sec au-dessus de ma tempe, je lui frappai la tête et sur le crâne velu du fauve redoutable, je brisai en deux ma rude massue d'olivier sauvage. Lui, avant de parvenir jusqu'à moi, tomba de haut sur le sol et s'immobilisa, sur des pattes tremblantes, penchant la tête. Car l'obscurité se répandit autour de ses deux yeux: la violence du coup avait ébranlé son cerveau dans l'os. Lorsque j'eus compris qu'il était fou par les douleurs violentes, avant que, retrouvant ses esprits, il ne reprît son souffle, je m'empressai de mettre de derrière mon pied sur sa nuque impénétrable aux flèches, après avoir jeté à terre mon arc et mon carquois fortement cousu; l'ayant saisi de derrière, je le serrais fortement de mes mains solides, pour qu'il ne me déchire pas mes chairs de ses griffes; monté sur les pattes postérieures, je les pressais fermement de mes talons contre le sol; de mes cuisses, je serrais ses flancs jusqu'à ce que j'étendis mes bras et que je le soulevai tout droit, inerte, et qu'Hadès reçut son âme monstrueuse. Alors, je me demandai comment arracher aux pattes du fauve mort son cuir à l'encolure velue, travail vraiment terrible, puisqu'on ne pouvait le couper avec le fer ni le transpercer avec des pierres ni d'aucune autre façon. Alors un des immortels m'insuffla l'idée de fendre la peau du lion avec ses propres griffes. Grâce à eux, je l'écorchai rapidement et j'entourai mon corps de cette dépouille comme protection contre la mêlée guerrière qui déchire le corps. Telle fut la fin du fauve de Némée, mon cher, qui avait causé de nombreux maux aux troupeaux et aux hommes".

Source de la traduction

traduction A. Kolde

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Héraclès se bat contre le lion de Némée; comme sa peau est invulnérable et que les flèches ne peuvent la transpercer, il l'étrangle, serrant son cou depuis derrière; pour lui enlever sa peau, il la fend de ses propres griffes, seuls capables de la transpercer.

Rédacteur du commentaire

A. Kolde

Indexation

Toponyme(s):

Hélicon; Némée

Mot(s)-clé(s) :

monstre; grotte; lion; peau de lion; leontè

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Le combat d’Héraclès contre le Lion de Némée est sans doute l’épisode mythologique qui a connu le plus grand succès dans l’art antique. Toutefois, parmi les différents schéma de lutte représentés, aucun ne correspond à celui que décrit Théocrite : voir LIMC V s.v. « Herakles » p. 16-34.

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Comment citer cette notice

Texte n°252371 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252371/. Première version : 29/08/12. Date de mise à jour : 01/10/12

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