> Extrait

Callimaque, Hymne à Artémis, 4-25 Pfeiffer.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

ἄρχμενοι ὡς ὅτε πατρὸς ἐφεζομένη γονάτεσσι

παῖς ἔτι κουρίζουσα τάδε προσέειπε γονῆα·

«δός μοι παρθενίην αἰώνιον, ἄππα, φυλάσσειν,

καὶ πολυωνυμίην, ἵνα μή μοι Φοῖβος ἐρίζῃ,

δὸς δ´ ἰοὺς καὶ τόξα — ἔα πάτερ, οὔ σε φαρέτρην

οὐδ´ αἰτέω μέγα τόξον· ἐμοὶ Κύκλωπες ὀϊστούς

αὐτίκα τεχνήσονται, ἐμοὶ δ´ εὐκαμπὲς ἄεμμα·

ἀλλὰ φαεσφορίην τε καὶ ἐς γόνυ μέχρι χιτῶνα

ζώννυσθαι λεγνωτόν, ἵν´ ἄγρια θηρία καίνω.

δὸς δέ μοι ἑξήκοντα χορίτιδας Ὠκεανίνας,

πάσας εἰνέτεας, πάσας ἔτι παῖδας ἀμίτρους.

δὸς δέ μοι ἀμφιπόλους Ἀμνισίδας εἴκοσι νύμφας,

αἵ τε μοι ἐνδρομίδας τε καὶ ὁππότε μηκέτι λύγκας

μήτ´ ἐλάφους βάλλοιμι, θοοὺς κύνας εὖ κομέοιεν.

δὸς δέ μοι οὔρεα πάντα· πόλιν δέ μοι ἥντινα νεῖμον

ἥντινα λῇς· σπαρνὸν γὰρ ὅτ´ Ἄρτεμις ἄστυ κάτεισιν·

οὔρεσιν οἰκήσω, πόλεσιν δ´ ἐπιμείξομαι ἀνδρῶν

μοῦνον ὅτ´ ὀξείῃσιν ὑπ´ ὠδίνεσσι γυναῖκες

τειρόμεναι καλέωσι βοηθόον, ᾗσί με Μοῖραι

γεινομένην τὸ πρῶτον ἐπεκλήρωσαν ἀρήγειν,

ὅττι με καὶ τίκτουσα καὶ οὐκ ἤλγησε φέρουσα

μήτηρ, ἀλλ´ ἀμογητὶ φίλων ἀπεθήκατο γυίων.»

Traduction

en commençant par rappeler comment, encore dans l'enfance, assise sur les genoux de son père, elle lui adressa ces paroles : «Donne-moi, papa, de demeurer toujours vierge et d'être invoquée sous de multiples noms, afin que Phébus ne puisse rivaliser avec moi. Donne-moi un arc et des flèches - allez! Père, je ne te demande ni carquois ni grand arc ; les Cyclopes vont tout de suite me fabriquer des traits et un arc recourbé. Mais donne-moi de porter des flambeaux et un chiton frangé retroussé jusqu'aux genoux, afin que je tue les bêtes sauvages. Donne-moi soixante danseuses Océanides, toutes de neuf ans, toutes encore des enfants ne portant pas ceinture. Donne-moi aussi vingt servantes, Nymphes, filles de l'Amnisos, qui prendront soin de mes chaussures de chasse et de mes chiens rapides, lorsque j'aurai cessé de frapper lynx et cerfs. Donne-moi toutes les montagnes. Assigne-moi la cité de ton choix ; rarement Artémis descend en ville. J'habiterai les montagnes, et ne fréquenterai les cités des hommes qu'aux moments où les femmes, travaillées des douleurs aiguës de l'enfantement, m'appelleront à leur aide ; au jour de ma naissance les Moires m'ont chargée de les secourir, parce que ma mère me porta et m'enfanta sans souffrir, et, sans fatigue, déposa le fruit de ses entrailles.»

Source de la traduction

Traduction La Porte du Theil, modifiée

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Artémis demande à son père, Zeus, les diverses prérogatives qui seront les siennes : virginité éternelle, habitat dans les montagnes (et les lieux caractérisés par la sauvagerie), chasse, port de flambeaux (11) — caractéristique par laquelle elle est assimilée à Hécate dès le milieu du Ve s. —, aide aux femmes en couches...

L'Amnisos est un fleuve de Crète dont le cours se situe à l'est d'Héracleion autrement dit dans la région qu'une tradition crétoise associait à la naissance d'Ilithye (voir le commentaire à ID 30457).

La μίτρα est soit la ceinture féminine (celle que les parturientes délient) soit le bandeau servant à soutenir la gorge des femmes (ce sens est peut-être plus satisfaisant ici).

La mère d'Artémis est Léto. Artémis souhaite ici être invoquée sous plus de noms différents que son jumeau Apollon.

Rédacteur du commentaire

N. Le Meur et É. Prioux

Indexation

Toponyme(s):

Amnisos

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Rares sont les représentations de l'enfance d'Artémis. Une amphore de Nola, de la fin du VIe s. av. J.-C., montre un personnage barbu qui tient un sceptre et porte une fillette dans ses bras, face à un personnage féminin et à Hermès. Bien que l'identification des personnages, à l'exception d'Hermès, ne soit pas assurée, le fait que l'enfant soit caractérisé comme une fillette permettrait de reconnaître la petite Artémis dans les bras de son père, mais ce n'est là qu'une hypothèse (Berlin, Staatl. Mus. F 1837; LIMC, s. v. "Artemis" n° 1264).

Beaucoup tardif et beaucoup plus proche du texte de Callimaque, un relief du podium de la frons scaenae du théâtre de Hiérapolis de Phrygie qui fait partie d'un cycle consacré à la déesse représente la petite Artémis, tenant un arc des deux mains, assise sur les genoux de son père (LIMC, s.v. "Artemis" n° 1262). Voir aussi F. D’Andria et T. Ritti, Le sculture del Teatro. I rilievi con i cicli di Apollo e Artemide Rome 1985, p. 105-107, pl. 30, 1-2: D’Andria, qui souligne p. 106 la rareté de cette scène, y voit la transposition en image des v. 4-5 de l'Hymne à Artémis.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14759

http://www.limc-france.fr/objet/14760

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard et P. Linant de Bellefonds

Commentaire iconographique 2

Commentaire

Un lécythe attique du Ve s. av. J.-C. montre Artémis dans ses fonctions de protectrice des femmes en couches : une femme défait sa ceinture face à la déesse qui tient une torche, un arc et une flèche (Syracuse, Mus. Naz. 21186. LIMC, s.v. "Artemis" n° 721a). Pour expliquer ce rôle dévolu à la déesse, certains auteurs ont rapporté que, sitôt après sa naissance, Artémis avait aidé sa mère à donner le jour à Apollon (Apollodore I 4, 1; Mythographe du Vatican I 37; Servius ad Aen. III 73). Ce moment est représenté sur un couvercle de sarcophage d'époque antonine (Rome, autrefois Studio Canova, LIMC, s.v. "Artemis/Diana" n° 291) et peut-être, antérieurement, sur une pyxis d'Erétrie (Athènes, Mus. Nat. 1635; vers le milieu du IVe s. av. J.-C., LIMC, s.v. "Artemis" n° 1273) mais l'identification d'Artémis n'est pas assurée.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14761

http://www.limc-france.fr/objet/14762

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Commentaire iconographique 3

Commentaire

Bien qu'elles soient les compagnes habituelles d'Artémis, les Nymphes sont assez rarement figurées en sa compagnie. Cependant, quelques mosaïques des IIIe et IVe s. ap. J.-C. qui représentent Artémis au bain surprise par Actéon font allusion au délassement de la déesse, assistée par les Nymphes (LIMC, s.v. "Nymphai" n° 76-77). Sur l'une d'elles, de Shahba-Philippopolis, une nymphe garde l'arc et le carquois de la déesse.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/10410

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°252343 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252343/. Première version : 23/08/12. Date de mise à jour : 27/05/14

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