> Extrait

Théocrite, Idylle 24, 20-33 Gow.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

ἀλλ᾿ ὅτε δὴ παίδων λιχμώμενοι ἐγγύθεν ἦνθον,

καὶ τότ᾿ ἄρ᾿ ἐξέγροντο, Διὸς νοέοντος ἅπαντα,

Ἀλκμήνας φίλα τέκνα, φάος δ᾿ ἀνὰ οἶκον ἐτύχθη.

ἤτοι ὅγ᾿ εὐθὺς ἄυσεν, ὅπως κακὰ θηρί᾿ ἀνέγνω

κοίλου ὑπὲρ σάκεος καὶ ἀναιδέας εἶδεν ὀδόντας,

Ἰφικλέηc, οὔλαν δὲ ποσὶν διελάκτισε χλαῖναν

φευγέμεν ὁρμαίνων· ὁ δ᾿ ἐναντίος ἵετο χερσίν

Ἡρακλέης, ἄμφω δὲ βαρεῖ ἐνεδήσατο δεσμῷ,

δραξάμενος φάρυγος, τόθι φάρμακα λυγρὰ τέτυκται

οὐλομένοις ὀφίεσσι, τὰ καὶ θεοὶ ἐχθαίροντι.

τὼ δ᾿ αὖτε σπείραισιν ἑλισσέσθην περὶ παῖδα

ὀψίγονον, γαλαθηνὸν ὑπὸ τροφῷ, αἰὲν ἄδακρυν·

ἂψ δὲ πάλιν διέλυον, ἐπεὶ μογέοιεν, ἀκάνθας

δεσμοῦ ἀναγκαίου πειρώμενοι ἔκλυσιν εὑρεῖν.

Traduction

Mais lorsqu'ils furent déjà près des enfants, dardant leur langue, à ce moment-là, ils se réveillèrent, les enfants chéris d'Alcmène - Zeus remarque tout - et une lueur se produisit dans la maison. Aussitôt l'un se mit à crier, comme il reconnut les méchantes bêtes au-dessus du bouclier et qu'il vit leur dents impitoyables - Iphiclès - et en piétinant il fit tomber la couverture de laine, s'efforçant de fuir. L'autre fit face de ses mains - Héraclès -, il les enchaîna tous deux d'un lien solide, les empoignant à la gorge, là où se trouve le venin malfaisant des funestes serpents, que les dieux également haïssent. Eux par contre s'enroulaient en spirales autour de l'enfant tard-né, tétant encore la nourrice, ignorant des larmes; mais ils relâchèrent leur épine dorsale, puisqu'ils fatiguaient, cherchant à trouver un moyen d'échapper à l'étreinte inéluctable.

Source de la traduction

traduction A. Kolde

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Les enfants s'éveillent et une lumière se met à briller; Iphiclès crie et repousse la couverture en cherchant à fuir; Héraclès étrangle les serpents.

On a souvent proposé d'interpréter cette idylle comme une allusion à la légitimité du règne de Ptolémée II. Héraclès, fils de Zeus, l'emporte sur son frère Iphiclès, tout comme Ptolémée II l'emporte sur son frère aîné Ptolémée Kéraunos, que Ptolémée Sôter avait écarté de sa succession. Cette interprétation se fonde en particulier sur le commentaire de l'adjectif ὀψίγονον («tard-né») qui qualifie Héraclès au v. 31. Bien que Théocrite ait rappelé la légende qui voulait qu'Héraclès soit né un jour plus tôt qu'Iphiclès (v. 2), la suite de l'Idylle 24 souligne que le petit Héraclès est «tard-né». L'adjectif rappelle certes le fait qu'Héra avait différé la naissance d'Héraclès, mais il facilite aussi la comparaison entre Héraclès et Ptolémée II, cadet de son frère Kéraunos.

Rédacteur du commentaire

A. Kolde et É. Prioux

Indexation

Personnages(s):

Zeus; Alcmène; Iphiclès; Héraclès

Mot(s)-clé(s) :

serpents

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Une mosaïque d’époque sévérienne découverte en Syrie (http://www.limc-france.fr/objet/10660) offre plusieurs détails présents dans le texte de Théocrite : outre le bouclier qui sert de berceau aux enfants (voir ID 252334), le mosaïste a figuré la couverture de laine qui les enveloppait et il a insisté sur la contraste entre la frayeur du petit Iphiclès qui tente de s’enfuir et le courage d’Héraclès qui, figuré de face, empoigne de ses deux mains les serpents. Voir aussi ID 252337.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/10660

Auteur du commentaire iconographique

P. Linant de Bellefonds

Commentaire iconographique 2

Commentaire

Plusieurs princes ont utilisé l'image d'Héraclès enfant dans des portraits, ce qui soulève la question de l'utilisation de la figure d'Hérakliskos par Ptolémée II.

On sait en effet que ce motif fut utilisé dans l'un des premiers portraits officiels de Commode alors que celui avait entre quatorze et seize ans (Boston, Museum of Fine Arts, inv. n°1971.394; voir H. P. Laubscher, «Der Schlangenwürgende Herakles. Seine Bedeutung in der Herrscherikonologie», JDAI, 112, 1997, p. 149-166, spéc. 159-160. Moins connu est le témoignage figuré d'un portrait équestre retrouvé à Misène: ce portrait, qui eut les traits de Domitien avant de recevoir ceux de Nerva, montre l'empereur revêtu d'une cuirasse qui comporte sur l'épaulette une représentation d'Héraclès enfant étranglant les serpents (Baïes, Castello Aragonese, Museo archeologico dei Campi Flegrei).

H. P. Laubscher (art. cit.) a soulevé le problème de savoir si l'usage que ces deux empereurs ont réservé aux représentations de l'Hérakliskos était ou non un emprunt conscient à l'iconographie ptolémaïque. Deux protomés de provenance égyptienne semblent pouvoir appuyer cette hypothèse: on connaît en effet deux figurines en bronze mesurant environ 12 cm de haut (éléments de candélabre?), qui représentent un petit Héraclès tenant une massue de la main gauche et étouffant un serpent de la main droite. Or, sur ces deux protomés, les traits du petit Héraclès semblent être ceux d'un adulte, peut-être Ptolémée II Philadelphe. H.P. Laubscher suppose donc que ces figurines dérivent d'un portrait royal alexandrin qui ne nous est pas autrement connu (art. cit., p. 151-158). L'un de ces protomés est conservé dans une collection particulière, tandis que l'autre se trouve au Brooklyn Museum de New York. Voir É. Prioux, Petits musées en vers, Paris, 2008, p. 292-295.

Auteur du commentaire iconographique

É. Prioux

Comment citer cette notice

Texte n°252336 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252336/. Première version : 21/08/12. Date de mise à jour : 07/03/14

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