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Théocrite, Idylle 22, 80-134 Gow.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

οἳ δ᾿ ἐπεὶ οὖν cπείρῃcιν ἐκαρτύναντο βοείαιc

χεῖραc καὶ περὶ γυῖα μακροὺc εἵλιξαν ἱμάνταc,

ἐc μέccον cύναγον φόνον ἀλλήλοιcι πνέοντεc.

ἔνθα πολύc cφιcι μόχθοc ἐπειγομένοιcιν ἐτύχθη,

ὁππότεροc κατὰ νῶτα λάβοι φάοc ἠελίοιο.

ἰδρείῃ μέγαν ἄνδρα παρήλυθεc, ὦ Πολύδευκεc,

βάλλετο δ᾿ ἀκτίνεccιν ἅπαν Ἀμύκοιο πρόcωπον.

αὐτὰρ ὅγ᾿ ἐν θυμῷ κεχολωμένοc ἵετο πρόccω,

χερcὶ τιτυcκόμενοc. τοῦ δ᾿ ἄκρον τύψε γένειον

Τυνδαρίδηc ἐπιόντοc· ὀρίνθη δὲ πλέον ἢ πρίν,

cὺν δὲ μάχην ἐτάραξε, πολὺc δ᾿ ἐπέκειτο νενευκώc

ἐc γαῖαν. Βέβρυκεc δ᾿ ἐπαΰτεον, οἱ δ᾿ ἑτέρωθεν

ἥρωεc κρατερὸν Πολυδεύκεα θαρcύνεcκον,

δειδιότεc μή πώc μιν ἐπιβρίcαc δαμάcειε

χώρῳ ἐνὶ cτεινῷ Τιτυῷ ἐναλίγκιοc ἀνήρ.

ἤτοι ὅγ᾿ ἔνθα καὶ ἔνθα παριcτάμενοc Διὸc υἱόc

ἀμφοτέρῃcιν ἄμυccεν ἀμοιβαδίc, ἔcχεθε δ᾿ ὁρμῆc

παῖδα Ποcειδάωνοc ὑπερφίαλόν περ ἐόντα.

ἔcτη δὲ πληγαῖc μεθύων, ἐκ δ᾿ ἔπτυcεν αἷμα

φοίνιον· οἱ δ᾿ ἅμα πάντεc ἀριcτῆεc κελάδηcαν,

ὡc ἴδον ἕλκεα λυγρὰ περὶ cτόμα τε γναθμούc τε·

ὄμματα δ᾿ οἰδήcαντοc ἀπεcτείνωτο προcώπου.

τὸν μὲν ἄναξ ἐτάραccεν ἐτώcια χερcὶ προδεικνύc

πάντοθεν· ἀλλ᾿ ὅτε δή μιν ἀμηχανέοντ᾿ ἐνόηcε,

μέccηc ῥινὸc ὕπερθε κατ᾿ ὀφρύοc ἤλαcε πυγμῇ,

πᾶν δ᾿ ἀπέcυρε μέτωπον ἐc ὀcτέον. αὐτὰρ ὃ πληγείc

ὕπτιοc ἐν φύλλοιcι τεθηλόcιν ἐξετανύcθη.

ἔνθα μάχη δριμεῖα πάλιν γένετ᾿ ὀρθωθέντοc,

ἀλλήλουc δ᾿ ὄλεκον cτερεοῖc θείνοντεc ἱμᾶcιν

. ἀλλ᾿ ὁ μὲν ἐc cτῆθόc τε καὶ ἔξω χεῖραc ἐνώμα

αὐχένοc ἀρχηγὸc Βεβρύκων· ὁ δ᾿ ἀεικέcι πληγαῖc

πᾶν cυνέφυρε πρόcωπον ἀνίκητοc Πολυδεύκηc.

cάρκεc δ᾿ ᾧ μὲν ἱδρῶτι cυνίζανον, ἐκ μεγάλου δέ

αἶψ᾿ ὀλίγοc γένετ᾿ ἀνδρόc· ὃ δ᾿ αἰεὶ πάccονα γυῖα

αὐξομένου φορέεcκε πόνου καὶ χροιῇ ἀμείνω.

Πῶc γὰρ δὴ Διὸc υἱὸc ἀδηφάγον ἄνδρα καθεῖλεν;

εἰπέ, θεά, cὺ γὰρ οἶcθα· ἐγὼ δ᾿ ἑτέρων ὑποφήτηc

φθέγξομαι ὅcc᾿ ἐθέλειc cὺ καὶ ὅππωc τοι φίλον αὐτῇ.

Ἤτοι ὅγε ῥέξαι τι λιλαιόμενοc μέγα ἔργον

cκαιῇ μὲν cκαιὴν Πολυδεύκεοc ἔλλαβε χεῖρα,

δοχμὸc ἀπὸ προβολῆc κλινθείc, ἑτέρῳ δ᾿ἐπιβαίνων

δεξιτερῆc ἤνεγκεν ἀπὸ λαγόνοc πλατὺ γυῖον.

καί κε τυχὼν ἔβλαψεν Ἀμυκλαίων βαcιλῆα·

ἀλλ᾿ ὅγ᾿ ὑπεξανέδυ κεφαλῇ, cτιβαρῇ δ᾿ ἅμα χειρί

πλῆξεν ὑπὸ cκαιὸν κρόταφον καὶ ἐπέμπεcεν ὤμῳ·

ἐκ δ᾿ ἐχύθη μέλαν αἷμα θοῶc κροτάφοιο χανόντοc·

λαιῇ δὲ cτόμα κόψε, πυκνοὶ δ᾿ ἀράβηcαν ὀδόντεc·

αἰεὶ δ᾿ ὀξυτέρῳ πιτύλῳ δηλεῖτο πρόcωπον,

μέχρι cυνηλοίηcε παρήια. πᾶc δ᾿ ἐπὶ γαίῃ

κεῖτ᾿ ἀλλοφρονέων καὶ ἀνέcχεθε νεῖκοc ἀπαυδῶν

ἀμφοτέραc ἅμα χεῖραc, ἐπεὶ θανάτου cχεδὸν ἦεν.

τὸν μὲν ἄρα κρατέων περ ἀτάcθαλον οὐδὲν ἔρεξαc

ὦ πύκτη Πολύδευκεc· ὄμοccε δέ τοι μέγαν ὅρκον,

ὃν πατέρ᾿ ἐκ πόντοιο Ποcειδάωνα κικλήcκων,

μήποτ᾿ ἔτι ξείνοιcιν ἑκὼν ἀνιηρὸc ἔcεcθαι.

Traduction

Les deux adversaires armèrent leurs mains de bandes en cuir de boeuf et enroulèrent autour de leurs bras par de longues courroies, ils entrèrent dans l'arène, respirant le meurtre l'un contre l'autre. Alors ils se lancèrent dans une lutte acharnée, pour savoir lequel des deux recevrait dans le dos la lumière du soleil. Ton adresse, Pollux, l'emporta sur ton ennemi géant, et les rayons frappaient en plein le visage d'Amycos, qui, transporté de rage, s'avançait en cherchant à porter les premiers coups, mais le fils de Tyndare le prévint et le frappa sur la pointe du menton. Alors la fureur du géant redoubla, il attaquait de toutes ses forces, penché en avant vers la terre. Les Bébryces poussaient des cris; de l'autre côté, les héros encourageaient le vigoureux Pollux, craignant qu'en cet endroit étroit, cet homme semblable à Tityos ne le domptât par son poids.

Mais le fils de Jupiter le presse de tous côtés, frappe tour à tour des deux mains et repousse les attaques de l'insolent fils de Neptune. Celui-ci s'arrête, comme enivré de coups ; il vomit un sang noir, ses joues et ses mâchoires sont meurtries, et ses yeux paraissent à peine à travers l'enflure de son visage. À ce spectacle, les princes grecs font retentir le rivage d'un cri de joie.

Cependant Pollux harcèle sans relâche son ennemi par de fausses attaques. Enfin, le voyant incertain sur sa défense, il lui assène un coup de son ceste au-dessus du nez, entre les sourcils, et lui dépouille le front jusqu'à l'os. Le géant, chancelle, tombe et roule sur le gazon ensanglanté.

Bientôt il se relève, et le combat recommence avec une nouvelle fureur. Les deux rivaux se portent des coups terribles; mais ceux du chef des Bébryces ne tombent que sur la poitrine et loin de la tête de son adversaire, tandis que les coups de l'invincible Pollux couvrent de plaies dégoûtantes le visage d'Amycus. Alors, inondé de sueur, haletant de fatigue, le farouche géant n'est plus qu'un homme ordinaire, au lieu que le frère de Castor semble puiser dans le combat des forces nouvelles : ses membres deviennent plus vigoureux, ses traits se colorent d'un plus vif incarnat.

Muse, dis-moi, tu le sais, dis-moi comment le fils de Jupiter terrassa ce féroce mortel ; interprète fidèle, je répéterai à ton gré ton langage sacré.

Méditant un coup décisif, Amycus saisit de sa main gauche la main gauche de Pollux, et là, penché hors de la portée des coups, il lève vivement la main droite pour frapper son rival. Ce moment allait être funeste au roi d'Amyclée ; mais il baisse la tête, se glisse sous le bras du géant et le frappe à la tempe gauche de son ceste redoutable qui retombe sur son épaule. Aussitôt un sang noir ruisselle ; et du poing gauche, Pollux lui meurtrit la bouche, lui fracasse les dents, multiplie ses coups sur ses joues et lui brise les os.

Étendu sur la terre, désespérant de la victoire, existant à peine, Amycus soulève avec effort ses mains suppliantes et avoue sa défaite. Magnanime Pollux, tu n'abusas point de la victoire, et lui te jura par son père de se montrer désormais plus humain envers les étrangers.

Source de la traduction

traduction A. Kolde

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Description de la lutte entre Amycos, fils de Poséidon, et Pollux, fils de Zeus. Amycos est comparé au géant Tityos; Pollux remporte le duel. Amycos est condamné à dorénavant bien accueillir les étrangers.

Rédacteur du commentaire

A. Kolde

Indexation

Ethnique(s):

Bébryce

Mot(s)-clé(s) :

lutte; hospitalité

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Les représentations qui se rapportent au combat entre Pollux et Amycos sont presque toutes étrusques et datent des IVe et IIIe s. av. J.-C. Elles ne montrent pas l'affrontement entre les deux adversaires mais les préparatifs ou, bien plus souvent, la défaite d'Amycos, le plus souvent lié à un arbre (voir les commentaires iconographiques à Callythea 245 et 30546). Seule une mosaïque de pavement du Ier s. ap. J.-C. (Ravenne, Via D'Azeglio, "maison des pugilistes", in situ; LIMC Suppl. 2009 s.v. "Amykos" n° add. 1) représente Amycos à terre, vaincu et se rapproche du texte de Théocrite.

Des fragments d'un cratère à volutes attique (Ferrare, Mus. 2865 = T 404, de Spina, LIMC s. v. Amykos n° 14, de 440/420 av. J.-C.) montrent Pollux couronné tandis qu'Amycos non lié, les mains entourées de lanières, baisse la tête d'un air pensif. Les deux scènes dans lesquelles figurent ces deux personnages n'appartiendraient pas à la même face du vase et il semble qu'il y ait une confusion entre les jeux donnés en l'honneur de Pélias et l'épisode d'Amycos. Les inscriptions qui désignent ces deux héros sont souvent considérées comme étant erronées. Cependant,selon A. Weiss, "The Motif of the Adligatus and Tree", AJA 86, 1982, p. 27, cette version est très proche de celle de Théocrite.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14708

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°252278 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait252278/. Première version : 09/06/12. Date de mise à jour : 21/09/12

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