Δίρφυν ἀνὰ τρηχεῖαν ὑπ' Εὑβοίῃ κεκόνιστο.

Il avait trouvé la mort en Eubée sur le Dirphys escarpé.

Le scholiaste de Lycophron note l'écart entre le toponyme donné par Lycophron (Dirphossos) et celui donné par Euphorion (Dirphys).

Pour la forme Dirphossos, voir Lyc. Alex. 374. La forme Dirphys se rencontre notamment chez Euripide (Her. 185) et chez Simonide (APl 26), épigramme sur les Athéniens morts à la bataille de Chalcis (Euphorion connaissait certainement cette épitaphe qui évoque la mort des soldats dans la nuée « τρηχεῖαν » de la guerre, au pied du Dirphys – Δίρφυος... ὑπὸ πτυχί).

À partir du rapprochement avec Lycophron, Alex. 374-375 – passage qui s'intéresse à la mort de nombreux Grecs en Eubée, au retour de Troie et qui mentionne le Dirphossos ou Dirphys –, J. U. Powell (CA, ad loc.) a proposé de considérer que ce fragment concernait les nostoi malheureux des Grecs qui firent naufrage en Eubée, trompés par les feux allumés par Nauplios, père de Palamède. Voir, sur Nauplios et Palamède, le fr. 96 = 61 Powell. Le thème des nostoi malheureux avait intéressé Euphorion dans le Philoctète, comme l'atteste le fr. 44 Powell (Iphimaque fait partie des victimes de Nauplios).

Le Cap Caphérée, lieu supposé du naufrage de la flotte grecque, n'est pas situé à proximité immédiate du Dirphys/Dirphossos, mais le pied de cette montagne, qui est baignée par le détroit de l'Euripe, correspond bien à une passe redoutée des navigateurs : voir T.-L. XXVIII, 6. D'autre part, le Dirphys servait probablement de point de repère pour la navigation, grâce à des feux qui étaient peut-être mentionnés dans l'Agamemnon d'Eschyle (voir les v. 281-316, spéc. v. 289). Voir A. J. Beattie, « Aeschylus, Agamemnon, 281-316 », The Classical Review, n. s., 4-2, 1954, p. 77-81. Contra, J. H. Quincey, « The Beacon-Sites in the Agamemnon », The Journal of Hellenic Studies, 83, 1963, p. 118-132.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux