> Extrait

Euphorion, Philoctète (?), 80 Cusset/Acosta-Hughes.

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Sources

P. Oxy. 2525 + Schol. T ad Il. K 18 (pour les vers 2-3 de ce fragment).

Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

col. I π]ερὶ Τροίηι πολέμι[ζ

πολλάκι οὑ κλισίηισι Π⌋υλοιγενέεσσι τε ν̣⌊ηυσίν

ἐννύχιοι πίλναντο⌋ νόσων ⌊ἅ⌋περ ἰητῆ⌊ρος

]χ' ὅτε μέγα δειμη[ν

]ν ἅλις δεδαηκότ̣[

]αις βοσκ̣[. . . .]. σ̣ασ [

]νοωια. [. . . . .]το νηόν·

]τάφωι δ[. . . Κύ]πριν

Ἀργυ]ννίδα φ[ημίξ]α̣ντο

].ον παρ̣[ ]

].[.].[ ]

] πολύλλιτε, σεῦ δέ τις, οἴω

σ]ε̣υ χατέουσα

]. .[ ] Μινυήϊον Ὄλμο̣υ

col. II μ̣[

τ̣.ρ̣[

απ̣[

μο[

αιρα̣[

γαιη[

εγκ[

αρτ[

αξιο[

Traduction

Ils guerroyaient autour de Troie. Souvent, de nuit, ils s'approchaient de ses tentes et des navires venus de Pylos, comme s'il avait été un médecin soignant les maladies... quand, très effrayé... suffisamment instruit... le temple... sur la tombe, en l'honneur de Cypris... il la nommèrent Argynnide... ô toi qui es invoqué dans de nombreuses prières, quelqu'un, je crois, ... de toi... elle qui te désirait... Minyée / Minyen... (fils?) d'Olmos col II restes de vers trop mutilés

Paraphrase/Commentaire sur le texte

2 οὑ Maass : οἱ MS. Schol. T ad K 18 || 12 σ]ε̣υ Livrea ZPE 139, 2002, p. 38. Le P. Oxy. XXX, 2525 est venu confirmer la correction νόσων que Meineke avait apportée au texte des manuscrits (νόσῳ) défendu par H. White dans une note qui ne semble pas tenir compte de cette découverte (« Notes on the Fragments of Euphorion and Other Hellenistic Texts », Orpheus, XXV, 1-2, 2004, 113-144, spéc. p. 123-124). Ce fragment s'intéresse à deux sujets apparemment éloignés l'un de l'autre : les compétences médicales de Nestor d'une part et les amours d'Agamemnon et du jeune Argynnos/Argennos de l'autre. E. Livrea (« Il Philoctetes di Euphorione », ZPE, 139, 2002, p. 35-39) a proposé d'attribuer au Philoctète ce fragment précédemment considéré comme étant de provenance incertaine. Les arguments sur lesquels il s'appuie tiennent notamment à la comparaison avec l'élégie III, 7 de Properce : dans cette pièce, le poète ombrien rapproche en effet le mythe d'Argynnos du récit du naufrage de nombreux Grecs revenant de Troie au cap Caphérée en Eubée. La cohérence de ce rapprochement tient à la violence de l'élément marin, contraire à la flotte grec aussi bien avant qu'après le conflit troyen. Si de nombreux Grecs (dont Iphimaque compagnon de Philoctète) périssent au retour de Troie, notamment au cap Caphérée, la mer ne sera favorable à l'expédition menée par Agamemnon qu'après que ce roi aura perdu, en Béotie, deux êtres chers : Argynnos et Iphigénie. Le présent fragment d'Euphorion, une fois rapproché du fr. 44 Powell (mort d'Iphimaque au Cap Caphérée), peut laisser penser que la source de la composition de Properce se situe dans une œuvre d'Euphorion, à savoir le Philoctète dont le fr. 44 Powell est par ailleurs cité dans cette même élégie III, 7. La mention des capacités médicales de Nestor qui fournit la première partie du présent fragment pourrait en effet trouver sa place dans une telle œuvre, dans la mesure où Nestor pourrait avoir soigné le héros blessé. Les tentes mentionnées au v. 2 sont vraisemblablement celles de Nestor. La traduction "sur la tombe" est peut-être erronée, le texte étant ici mutilé. M. L. West [(« New Fragments of Greek Poetry », The Classical Review, n. s. 16-1, 1966, p. 21-24, spéc. p. 23] estime qu'il faut restituer le terme ἀ]τάφωι (« pour celui qui est privé de tombe ») en raison du pont de Hermann (les deux brèves du dactyle quatrième doivent normalement appartenir au même mot). Le témoignage d'Athénée (XIII, 603 d) suppose toutefois qu'Argynnos ait été enterré, ce qui nous incite à repousser ici la lecture proposée par M. L. West. H. Lloyd-Jones et P. Parsons (SH comm. ad loc.) suggèrent de lire κρο]τάφωι, notation topographique qui renverrait au « sommet d'un mont ». Soulignons cependant que cette loi est violée dans le P. Oxy. 1390 c, col. I, 25 = SH 415, v. 25 : sur les exceptions métriques chez Euphorion, voir J. A. Clúa Serena, Estudios sobre la poesía de Euforión de Calcis, Cáceres, 2005, p. 30." (v. 8). La suite du fragment s'intéresse à l'origine du culte d'Aphrodite Argynnide. Agamemnon s'était épris d'Argynnos en le voyant nager dans les eaux du Céphise où il se baignait régulièrement. Le jeune homme se noya dans le fleuve et Agamemnon fit ériger un temple à Aphrodite auprès de sa tombe. Argynnide est ici l'épiclèse donnée à Aphrodite, car son temple avait été construit en l'honneur du jeune Argynnos. Sur Argynnos/Argennos, voir Athen. XIII, 603 d = Licymnios de Chios, Dithyrambes, fr. 768 Page ; Phanoclès fr. 5 Powell = Clém. Alex. Protr. II, 32, 1 p. 28, 18 Stählin ; Hérodien, De pros. cath. 3, 1 p. 175, 3 Lentz ; 3, 1 p. 364, 5 Lentz et De orth. 3. 2, p. 478, 2-4 Lentz ; Plut. Brut. an. rat. ut. 7, 990 d-e ; Prop. III, 7, 21-4. Minyée / Minyen (v. 14) : il peut s'agir de Minyée, autre nom d'Orchomène en Béotie, ou d'un habitant du territoire de cette cité. Olmos, fils de Sisyphe, était le héros éponyme du village d' Ὄλμωνες situé sur le lac Copaïs (Paus. IX, 24, 3) qui avait peut-être été le témoin de l'aventure amoureuse d'Agamemnon.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

Les deux vers connus grâce aux scholies de l'Iliade ont retrouvé un contexte avec la publication du P. Oxy. 2525 (= SH 428).

Indexation

Ethnique(s):

Pylien

Mot(s)-clé(s) :

tentes; temple; médecin

Comment citer cette notice

Texte n°247 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait247/. Première version : 04/01/10. Date de mise à jour : 02/02/12

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