> Extrait

Euphorion, Xenios, 58 Cusset/Acosta-Hughes.

<< < / > >>

Sources

Scholies à Apollonios de Rhodes II, 354 = Hérodore, FGrHist 31 F 31 Jacoby.

Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Précisions : 2<sup>e</sup> moitié du III<sup>e</sup> siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

Ἡρόδωρός τε καὶ Εὐφορίων ἐν τῷ Ξενίῳ ἐκείνῃ (apud Heracleam Ponticam) φασὶ τὸν Κέρβερον ἀνῆχθαι ὑπὸ τοῦ Ἡρακλέους καὶ ἐμέσαι χολήν, ἐξ ἧς φυῆναι τὸ καλούμενον ἀκόνιτον φάρμακον.

Traduction

Il est dit par Hérodore et Euphorion dans son Xenios que Cerbère y fut conduit à la lumière par Héraclès et qu'il y vomit de la bile d'où naquit le poison connu sous le nom d'aconit.

Source de la traduction

traduction É. Prioux

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Le Xenios est un poème mythologique qui se penche sur des traditions antiquaires. Euphorion y fait notamment œuvre d'ethnographe en s'intéressant à l'histoire des Mariandyniens, peuple indigène du territoire où s'implantera Héraclée du Pont (cf. Strab. XII, 3, 4). Cette dimension ethnographique s'accompagnait vraisemblablement d'un intérêt pour le rôle joué par ce peuple dans le mythe des Argonautes : les Mariandyniens étaient notamment connu pour l'accueil qu'ils avaient fait à Pollux pour célébrer sa victoire sur Amycus, roi des Bébryces, un peuple qui était l'ennemi des Mariandyniens (la rencontre entre Lycos, roi des Mariandyniens ; et les Argonautes fournit ainsi le sujet d'une partie du chant II des Argonautiques d'Apollonios de Rhodes). Le lien entre l'histoire des luttes entre Bébryces et Maryandiniens qui étaient probablement évoquées dans le contexte d'origine du fr. 60 (sur Amycos?) et l'aition expliquant le nom de l'aconit (fr. 56-58) tient bien sûr à la logique topographique puisque ces deux mythes sont associés au territoire des Maryandiniens qui passera sous domination héracléote au Ve siècle av. J.-C. Il tient aussi au lien que ces deux mythes entretiennent à la fois avec les aventures d'Hercule, puis avec celles des Argonautes, comme le laissent supposer les scholies relatives à Nicandre, Alex. 12-15 et le discours de Lycos, roi des Mariandyniens, aux Argonautes dans les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes (II, 775-810). Si les Mariandyniens sont « libérés » de leurs ennemis bébryces par la victoire de Pollux contre Amycos sous le règne de Lycos, Héraclès avait lui aussi aidé ce peuple a s'emparer d'un vaste territoire alors que Lycos sortait à peine de l'enfance, que son frère Priolas venait de mourir, peut-être tué par Amycos (voir la scholie à Apollonios de Rhodes II, 758), et qu'Héraclès s'en allait combattre les Amazones. L'aconit apparaissait lui aussi dans les deux cycles dans la mesure où ce poison, auquel Héraclès avait donné naissance en traînant Cerbère hors des Enfers, devait plus tard être manipulé par Médée. Le passage des Argonautiques d'Apollonios de Rhodes auquel se réfère la scholie dont est extrait ce fragment décrit la terre des Mariandyniens qui est traversée par l'Achéron et qui passait pour être l'emplacement de l'une des bouches des Enfers. L'image d'Héraclès traînant Cerbère hors des Enfers est également présente dans un fragment d'Euphorion que l'Etym. Gen. (s. v. ἄρρατος) attribue au Thrace : voir fr. 24 Powell. En raison de la proximité thématique de ces deux fragments, G. Knaack (« Analecta », 25-1, 1890, p. 82-90, spéc. 87-88) a proposé de rattacher le fr. 24 Powell au Xenios, plutôt qu'au Thrace. La naissance de l'aconit fournit également le thème des v. 408-420 du livre VII des Métamorphoses d'Ovide. Cf. Ov. Met. VII, 408-420 : immédiatement après avoir rappelé le lien entre le passage de Cerbère traîné par Hercule et la naissance de l'aconit, Ovide indique l'usage que Médée fit de ce poison en tentant d'en user contre Thésée, fils d'Égée, alors qu'elle était devenue la concubine de ce dernier. Les origines de l'aconit l'ancrent ainsi dans une géographie et dans des mythes associés au cycle des Argonautes. Denys le Périégète s'est peut-être inspiré de ce passage du Xenios (voir les v. 788-792 et E. Magnelli, Studi su Euforione, Rome, 2002, p. 113).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

Pour la bibliographie antérieure sur ce fragment, voir E. Magnelli, Studi su Euforione, Rome, 2002, p. 133.

Indexation

Personnages(s):

Héraclès; Cerbère

Ethnique(s):

Mariandyniens

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Du Ve s. av. J.-C. à l'époque romaine, la sortie de Cerbère à la lumière est parfois symbolisée par une grotte hors de laquelle Héraclès tire le monstre (voir, par exemple, une gemme du Ier s. av. ou ap. J.-C. : http://www.limc-france.fr/objet/14433). Cette image se banalise à partir de la deuxième moitié du IIe s. ap. J.-C.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/14433

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°245 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait245/. Première version : 04/01/10. Date de mise à jour : 24/10/12

Mentions légales | Colophon | Contacts | Haut de page