> Extrait

Posidippe de Pella, Épigrammes, 115.

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Sources

P. Louvre 7172 verso col. IV

Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

Ἑλλήνων cωτῆρα, Φάρου cκοπόν, ὦ ἄνα Πρωτεῦ,

   Cώcτρατοc ἔcτηcεν Δεξιφάνουc Κνίδιοc·

οὐ γὰρ ἐν Αἰγύπτωι cκοπαὶ οὔρεοc οἶ'ἐπὶ νήcων,

   ἀλλὰ χαμαὶ χηλὴ ναύλοχοc ἐκτέταται.

τοῦ χάριν εὐθεῖάν τε καὶ ὄρθιον αἰθέρα τέμνειν

   πύργοc ὅδ'ἀπλάτων φαίνετ'ἀπὸ cταδίων

ἤματι, παννύχιοc δὲ θοῶc ἐν κύματι ναύτηc

   ὄψεται ἐκ κορυφῆc πῦρ μέγα καιόμενον,

καὶ κεν ἐπ'αὐτὸ δράμοι Ταύρου Κέραc, οὐδ'ἂν ἁμάρτοι

   Cωτῆροc, Πρωτεῦ, Ζηνὸς ὁ τῆιδε πλέων.

Traduction

Ô seigneur Protée, Sostratos de Cnide, fils de Dexiphanès, a érigé ce veilleur de Pharos, ce sauveur pour les Grecs; en Égypte, en effet, il n'y a pas de promontoires permettant de guetter, comme on en voit dans les îles, et la côte abordée par les bateaux s'étend comme une plaine rase. C'est pourquoi cette tour fend le ciel suivant une ligne droite et élancée; de jour, on la voit depuis une très longue distance et, toute la nuit, le marin naviguant sur les flots repérera instantanément le grand feu qui brûle à son sommet, et, serait-on en train de courir droit dans la Corne du Taureau, on ne saurait manquer, ô Protée, Zeus Sauveur si l'on navigue par ces eaux.

Bibliographie

édition A.-B. (Austin Bastianini 2002)

Indexation

Personnages(s):

Zeus Sauveur; Protée

Mot(s)-clé(s) :

Pharos; tour; feu; navigation

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Territoire de Protée, l'île de Pharos portait une tour qui guidait les marins. Elle était caractérisée par le feu qui brûlait à son sommet, d'ailleurs le terme employé pour la désigner était "pyrgos", "Pharos" étant le nom de l'île (il ne désigne un phare qu'à partir de la fin du IIe s. ap. J.-C.). Les représentations de phares sont nombreuses, sans qu'il soit toujours possible d'identifier un monument particulier (M. Reddé, "La représentation des phares à l'époque romaine", MEFRA 91, 1979, p. 845-872; M.-H. Quet, "Pharus", MEFRA 96, 1984, p. 789-845). Les phares trouvent naturellement leur place dans un paysage portuaire et, dans l'art funéraire, symbolisent le port auquel le défunt espère accéder après la navigation de l'existence. Il est possible de reconnaître le phare d'Alexandrie sur un certain nombre de documents, notamment des monnaies de bronze d'Alexandrie, frappées entre le règne de Domitien et celui de Commode, de 81 à 192 ap. J.-C., qui constituent notre principale source documentaire (LIMC s.v. "Tritones" n° 50-51; S. Handler, "Architecture on the Roman Coins of Alexandria", AJA 75, 1971, p. 57-61 pl.11, 1-3; La gloire d'Alexandrie. Expos. Paris, Petit Palais [1998] cat. n° 65-66). Elles donnent une image schématique du Phare, caractérisé par ses trois étages, réduits parfois à deux, et les statues qui le surmontent : celle d'un dieu et celles de tritons sonneurs de trompe qui faisaient office de corne de brume (http://www.limc-france.fr/objet/161). Souvent figuré seul, le phare peut être accompagné d'une figure d'Isis Pharia ou d'un navire. Une petite lanterne de terre cuite du Fayoum (IIe s. av. J.-C. Alexandrie, Mus. Gréco-rom. 8417. http://www.limc-france.fr/objet/15192) dans laquelle on pouvait glisser une lampe est parmi les plus anciennes représentations du phare et évoque sa fonction de fanal. Quelques autres objets sont également à prendre en considération : un vase en verre à reliefs, trouvé à Begram, probablement du Ier s. ap. J.-C. (Picard, Ch., BCH 76, 1952, p. 67-77 fig. 2-3) et une intaille en pâte de verre bleue, du IIe s. ap. J.-C. (La gloire d'Alexandrie. Expos. Paris, Petit Palais [1998] cat. n° 59 : le phare est flanqué d'une Isis Pharia à gauche et d'un Poséidon à droite). L'identité de la statue qui surmonte le phare a fait l'objet de nombreuses spéculations : était-elle celle de Poséidon, de Zeus Sôter ou d'un Ptolémée divinisé? Les attributs sur les représentations figurées ne sont guère représentatifs, ou ont été restaurés, et ne permettent pas de donner une réponse (voir à ce sujet F .Chamoux, "L'épigramme de Poseidippos sur le phare d'Alexandrie", dans Hommages à Claire Préaux. Le monde grec, pensée, littérature, histoire, documents, 1975, p. 214-222; D. Giorgetti, "Il Faro di Alessandria fra simbologia e realtà: dall'epigramma di Posidippo ai mosaici di Gasr Elbia", Atti della Accademia Nazionale dei Lincei, Rendiconti, Classe di Scienze Morali, Storiche e Filologiche Roma, 32/3-4, 1977, p. 245-261 ; Hoepfner, W., Der Kolossos von Rhodos [2003] p. 74 fig. 104). La statue a pu avoir été transformée ou remplacée au fil des siècles, comme tendrait à le montrer une mosaïque de Qasr el-Libya où l'on retrouve l'association entre le phare (désigné par l'inscription "o pharos"), la statue divine (Sol ou le Christ) et un triton (539-540 ap. J.-C. Giorgetti p. 254-255 pl. IV). I. Hairy ("Pharos, l'Egypte et Platon", dans Images et modernité hellénistiques. Appropriation et représentation du monde d'Alexandre à César [2007] p. 78-80) reconsidère la question de l'existence réelle d'une statue au sommet du Phare car elle aurait difficilement pu coexister avec le feu allumé pour guider les bateaux. La façon dont elle est placée sur les documents figurés pouvait être un choix iconographique qui permettait d'éviter la représentation des statues dans leur position réelle, devant le bâtiment. Pour une hypothèse de l'identification de la figure d'Hélios surmontant le Pharos sur la mosaïque de Qasr el-Libya comme un automate associé à une horloge solaire, voir Fragaki, H., Images antiques d'Alexandrie, Ier s. av.-VIIIe ap. J.-C. , 2011, p. 8-9 et "Clocks and Dials with Automata, the mosaic of Qasr el-Lebya" dans Koetsier/Ceccarelli, Explorations in the History of Machines and Mechanisms, 2012, p. 229-250.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/161

http://www.limc-france.fr/objet/15192

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°229 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait229/. Première version : 04/11/09. Date de mise à jour : 03/07/13

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