> Extrait

Posidippe de Pella, Épigrammes, 14 Austin-Bastianini.

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Sources

P. Mil. Vogl. VIII, 309, col. II, 33-38

Date du texte cité

2e quart du IIIe siècle av. J.-C.

Texte (version originale)

εὖ τὸν Πήγαcον ἵππον ἐπ' ἠερόεccαν ίαcπιν

   χεῖρά τε καὶ κατὰ νοῦν ἔγλυφ' ὁ χειροτέχνηc·

Βε̣λ̣λ̣ε̣[ρ]ο̣φό̣ν̣τηc μὲ⌈ν⌉ γὰρ ἀλή{ν}ϊον εἰc Κιλίκ̣ω̣ν γῆν

   ἤριφ', ὁ δ' εἰc κυανῆν ἠέρα πῶλοc ἔβη,

[ο]ὕ̣ν̣εκ' ἀη̣νιόχητον ἔτι τρομέοντα χαλινοῖ̣c

   [ἵ]π̣π̣[ον ἐν] αἰθερίωι τῶιδ' ἐτύπωcε λίθωι.

Traduction

C'est avec habileté et esprit que l'artiste a gravé le cheval Pégase sur un jaspe sombre. En effet, Bellérophon tomba en Cilicie, sur la terre aléïenne, et le poulain monta dans l'air bleu sombre : aussi a-t-il représenté sur cette pierre céleste le cheval que son cavalier ne dirigeait plus, mais qui frémissait encore sous l'effet de la bride.

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Avec sa description de Pégase s'élevant vers l'Olympe, Posidippe se souvient du modèle de deux odes de Pindare qui évoquent directement ou indirectement la même scène (XIIIe Olympique, où le poète décide de taire la chute de Bellérophon, et VIIe Isthmique, où le poète se focalise au contraire sur le motif de la chute). Le choix de la gemme ne paraît pas anodin : il s'agit en effet d'un jaspe de type aërizuse: Posidippe joue ainsi sur l'idée selon laquelle la gemme elle-même représente le fond aérien sur lequel se trouve Pégase. R. Casamassa (« Posidippo fra arte e mito. La gemma di Pegaso (Posidipp. Ep. 14 A–B) », Acme, 57, 2004, p. 241–252, spéc. p. 243–244) souligne qu'il pourrait s'agir d'une gemme utilisée pour encourager la fertilité (une croyance voulait en effet que cette pierre ait le pouvoir de faire tomber la pluie, d'écarter la sécheresse et de faciliter les naissances).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Bibliographie

édition A.-B. (Austin Bastianini 2002)

Indexation

Personnages(s):

Pégase; Bellérophon

Mot(s)-clé(s) :

jaspe; aërizuse

Commentaire iconographique 1

Commentaire

L’intaille aurait présenté Pégase encore harnaché, sans son cavalier sur le dos, probablement piaffant, bondissant ou en vol (LIMCicon 13741).

L’attitude de l’animal et son harnachement pouvaient suffire à distinguer cet épisode parmi les nombreuses représentations de cheval ailé, motif connu depuis l’époque mycénienne et fréquent.

Plusieurs gemmes, datées généralement entre le IIe s. av. et le Ier s. ap. J.-C. sont gravées d’un Pégase piaffant, bondissant ou volant (LIMC Pegasos n°32, 44 ; LIMCicon 116, 117, 13740). L’enrênement est parfois visible (gemme de Lattes : LIMCicon 119), comme sur une améthyste dont la transparence et la teinte sombre violet-bleu pourraient évoquer le ciel (Malibu, J.P. Getty Museum 82.AN.162.37 : LIMCicon 13742). Un scarabée en pâte bleue du Louvre (Bj 1570, C 917) peut-être étrusque, associe également le bleu et l'image d'un cheval ailé (LIMCicon 14728).

Une gemme en cornaline, peut-être produite sur le sol italien vers 300 av. J.-C., pourrait reproduire cette scène de façon plus complète: Pégase, avec un enrênement, la bouche ouverte, les antérieurs levés, est placé au-dessus d’un homme allongé, probablement Bellérophon désarçonné. Entre eux, ce qui semble être un motif de foudre pourrait se référer à Zeus, qui provoqua la chute (LIMCicon 13748).

Les images connues de la chute même de Bellérophon sont très rares (peut-être sur des pithoi archaïques : LIMCicon 14335 [Paris, Louvre CA 4523]). Sur la peinture ou le relief du temple d’Apollonis à Cyzique, daté de la première moitié du IIe s. av. J.-C., Bellérophon est sauvé après sa chute par son fils « Glaukos », mais la présence de Pégase est incertaine (Anth. Pal. 3, 15 ; LIMCicon 13737).

Quant aux reliefs de lampes du Ier s. ap. J.-C. sur lesquels Bellérophon, un genou au sol, tient la bride de Pégase, ils sont interprétés soit comme la chute, soit comme la capture du cheval, la position rappelant celle qu’il prend pour maintenir le cheval qu’il vient d’attraper (British Museum 1854.7-26.2 : LIMCicon 13739 ; Carthage, Musée 46.611 : LIMCicon 1466).

Un relief de sarcophage romain reproduirait également la légende (Waltz, P., Anth. Pal. t.1. [CUF 1928] 97 n.3 ; LIMCicon 13738).

- Voir également K. Niafas, « A poetic Gem : Posidippus on Pegasus », Pegasus 40, 1997, 16-17 : gemme avec un Pégase aux rênes distendues, bouche ouverte.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/119

http://www.limc-france.fr/objet/1466

http://www.limc-france.fr/objet/13737

http://www.limc-france.fr/objet/13738

http://www.limc-france.fr/objet/13739

http://www.limc-france.fr/objet/13740

http://www.limc-france.fr/objet/13742

http://www.limc-france.fr/objet/13748

http://www.limc-france.fr/objet/14335

http://www.limc-france.fr/objet/14728

Auteur du commentaire iconographique

A.-V. Szabados

Comment citer cette notice

Texte n°217 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait217/. Première version : 03/11/09. Date de mise à jour : 30/07/12

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