τῷ καὶ παρ' ἐχθροῖς εὐσεβέστατος κριθεὶς

τὴν πλεῖστον ὑμνηθεῖσαν ἐν χάρμαις πάτραν

ἐν ὀψιτέκνοις ὀλβίαν δωμήσεται,

τύρσιν μακεδνὰς ἀμφὶ Κιρκαίου νάπας

Ἀργοῦς τε κλεινὸν ὅρμον Αἰήτην μέγαν

λίμνης τε Φόρκης Μαρσιωνίδος ποτὰ

Τιτώνιόν τε χεῦμα, τοῦ κατὰ χθονὸς

δύνοντος εἰς ἄφαντα κευθμῶνος βάθη,

Ζωστηρίου τε κλιτύν, ἔνθα παρθένου

στυγνὸν Σιβύλλης ἐστὶν οἰκητήριον,

γρόνῳ βερέθρῳ συγκατηρεφὲς στέγης.

Pour cela, même par ses ennemis, estimé le plus pieux, il édifiera la patrie la plus admirée dans la mêlée, une bastide fortunée pour sa lignée future, tout près des hautes forêts du Circéen et du grand Aïétès, célèbre port d'Argo, des eaux douces du lac Phorcé marsionide, et du cours titonien dont la crevasse plonge sous terre, vers d'invisibles profondeurs, de la pente zostérienne, où de la vierge Sibylle est l'odieuse habitation, recouverte par le gouffre caverneux qui l'abrite.

Le Latium, vu par Lycophron, est représenté à travers quelques éléments naturels remarquables ou merveilleux : le lac Fucin (Phorcé) et le Giovenco (Pitonius/Titon) dont les eaux plongeraient dans ce lac sans s'y mêler, l'antre de la Sibylle de Cumes, le Monte Circeo et le port de Gaète, où les Argonautes auraient fait escale et dont le nom est ici rapproché de celui d'Aïétès père de Médée (cf. le «célèbre port d'Aiaiè» cité par Ap. Rh. IV, 661 et dont le nom est tiré de celui d'Aia, ville de Colchide où régnait Aiétès ; Virgile rapprochera ce même nom de celui de Caieta, nourrice d'Énée : Én. VII, 1-4).

Rédacteur du commentaire

É. Prioux