> Extrait

Lycophron, Alexandra, 1253-1260.

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Date du texte cité

IIIe siècle av. J.-C.

Précisions : (datation incertaine)

Texte (version originale)

Κτίσει δὲ χώραν ἐν τόποις Βορειγόνων

ὑπὲρ Λατίνους Δαυνίους τ'ᾠκισμένην,

πύργους τριάκοντ' ἐξαριθμήσας γονὰς

συὸς κελαινῆς, ἣν ἀπ' Ἰδαίων λόφων

καὶ Δαρδανείων ἐκ τόπων ναυσθλώσεται,

ἱσηρίθμων θρέπτειραν ἐν τόκοις κάπρων·

ἧς καὶ πόλει δείκηλον ἀνθήσει μιᾷ

χαλκῷ τυπώσας καὶ τέκνων γλαγοτρόφων.

Traduction

Il fondera dans le pays des Boréïgones, une contrée établie par-delà les Latins et les Dauniens, trente donjons, après avoir dénombré les petits d'une truie immense que des collines idaïennes et depuis les pays dardaniens il avait embarquée, nourricière, dans sa portée, de tout autant de sangliers ; dans une unique cité il en consacrera même l'effigie, et celle de sa nichée nourrie de lait, en les façonnant dans du bronze;

Source de la traduction

traduction Chauvin/Cusset modifiée

Paraphrase/Commentaire sur le texte

Contrairement à Virgile, Lycophron indique que la truie prophétique était venue de Troie avec Énée. Les trente petits de la truie sont mis en rapport avec trente citadelles supposément fondées par Énée en Italie.

La traduction adoptée ne s'impose pas d'elle même. Les traductions disponibles font de l'animal mentionné par Cassandre, une truie « noire » suivant le sens courant de l'adjectif kelainè, ce qui contredit la tradition rapportée par les auteurs latins qui s'accordent à parler d'une truie blanche. Comme l'a montré H. White, certaines scholies homériques indiquent en effet que l'adjectif kelainè pouvait avoir le sens d'immense. La truie kelainè de Lycophron serait dès lors l'équivalent de l'animal ingens décrit par Virgile (III, 390). Bien sûr le décodage d'une telle énigme présuppose que les lecteurs de Lycophron aient par avance connu l'histoire de la truie blanche d'Énée et que le détail incongru du pelage noir les ait suffisamment troublés pour qu'ils s'interrogent sur les autres significations de l'adjectif kelainè en prenant appui sur leur connaissance des scholies homériques.

Rédacteur du commentaire

É. Prioux

Indexation

Personnages(s):

Énée

Mot(s)-clé(s) :

statue ; truie

Commentaire iconographique 1

Commentaire

Nous savons par Varron (R.R., II, 4, 18) qu'une statue en bronze de la truie et de ses petits se dressait sur le forum de Lavinium, et que les prêtres montraient le corps de l'animal conservé dans la saumure (=http://www.limc-france.fr/objet/15179). Il est possible de retrouver un écho de cette statue aujourd'hui perdue dans quelques objets, notamment une statue de marbre au Vatican (inv. 176; IIe s. ap. J.-C. ; A. Alföldi, Early Rome and the Latins, 1964, p. 273 pl. V ; Helbig, Führer4 n° 94). La truie allaitant ses petits figure aussi sur de nombreuses monnaies et médailles où elle est associée à Enée (Alföldi, p. 271-278 pl. VI 1-2). Voir par exemple un médaillon de bronze d'Antonin le Pieux (Gnecchi, Medaglioni II p. 20 n° 99 pl. 54, 9 ; LIMC s. v. "Aineias" n° 144 ; R. Turcan, Numismatique romaine du culte métroaque, EPRO, 1983, p. 33 pl. XVIII, 1) qui représente Enée et Ascagne descendant de bateau et la truie allaitant ses petits devant une grotte près de laquelle se dresse le figuier. A l'arrière-plan se trouvent les murs et les monuments de Lavinium. Sur un autre médaillon de bronze d'Antonin le Pieux (Gnecchi, Medaglioni II p. 22 n° 115 pl. 55, 8 ; LIMC s. v. "Aineias" n° 171), la truie entourée de ses porcelets est figurée à l'intérieur d'une enceinte fortifiée ; au fond on aperçoit Enée qui porte Anchise entre un temple et un autel à gauche, un puits (?) et un arbre à droite.

Objet(s) et image(s)

http://www.limc-france.fr/objet/15179

Auteur du commentaire iconographique

N. Icard

Comment citer cette notice

Texte n°201 dans CALLYTHEA [En ligne]; http://www.cn-telma.fr/callythea/extrait201/. Première version : 03/11/09. Date de mise à jour : 30/05/13

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