ἶρίν θ' ἣν ἔθρεψε Δρίλων καὶ Νάρονος ὄχθαι,

Σιδονίου Κάδμοιο θεμείλιον Ἁρμονίης τε,

ἔνθα δύω δασπλῆτε νομὸν στείϐουσι δράκοντε.

… et l’iris qu’ont nourri le Drilon et les rives du Naron, retraite de Cadmos de Sidon et d’Harmonie : là, devenus tous les deux de terribles serpents-dragons, ils arpentent leur domaine.

À propos d’une variété illyrienne d’iris, Nicandre fait allusion à la célèbre transformation en drakones de Cadmos et Harmonie (paraphrasé par schol. in Th., 607 Crugnola) ; la localisation est précisée par des toponymes illyriens : les fleuves Drilon et Naron. Mais la légende de Cadmos et Harmonie est généralement liée aux Encheleis, plus au sud : par conséquent la localisation nicandréenne est en contradiction avec d’autres données (voir F. Vian, p. 126-127) et il est possible que Nicandre ait simplement voulu, avec ces deux toponymes, désigner l’Illyrie lato sensu. La version de Nicandre est très proche de celle d’Ovide (Met., IV, 563-603) –ce qui pourrait laisser penser qu’elle figurait aussi dans les Heteroioumena– ; elle s’éloigne en revanche de celle de Callimaque (fr. 11. 2 = ID ) qui parlait de son côté de serpents de pierre et de la version archaïque qui évoquait un emplacement dans les Îles des Bienheureux ou aux Champs Elysées (parfois avec transformation en serpent comme chez Apd., Bibl., III, 5, 4). Je prends νομόν non au sens de « pacages », mais au sens de « domaine » car les drakones héroïques (oikouroi opheis) sont intimement associés à un lieu (cf. schol. in Th. 607 : ἐνταῦθα καὶ ὁ Κάδμος καὶ Ἁρμονία ᾤκησαν, οἳ καὶ εἰς ὄφεις μετεϐλήθησαν), mais on ne peut exclure une touche bucolique.

Rédacteur du commentaire

S. Barbara

J.-M. Jacques, p. 173-174. F. Vian, Les origines de Thèbes. Cadmos et les Spartes, Paris, 1963.